#anthologie #34 | deux cafés, l’addition.

Elle m’agace. Elle m’agace. Sa manière de se victimiser en permanence. J’ai peur de ces gens qui veulent tuer des gens comme moi. Tuer des gens comme elle. Vraiment ? Quand dans sa vie, a-t-elle été persécuté par qu’elle est queer. Tu fermes ta gueule pour ne pas en rajouter. Sinon tu vas y avoir droit. Au couplet, toi qui es protégée par ta normalité sociale, tu ne peux pas comprendre. Normalité sociale, mes fesses. Qu’est-ce qu’elle en sait ?

Un café. Deux. Allongés s’il vous plait. Et un verre d’eau. Deux.

Tu fais mine d’acquiescer mollement.  Nous avons besoin d’alliée comme toi. Bon dieu, elle m’agace. Elle m’agace. Si tu n’es avec elle, tu es contre elle. C’est comme cela que ça marche. Ce terme d’allié, d’ailleurs, c’est ridicule. On se croirait dans une cour d’école, à jouer au ballon prisonnier . Tu ne peux pas contester son ressenti. C’est un argument d’autorité morale. Tu ne peux pas invoquer une certaine relativité du péril. Tu essaies de t’en sortir par la politique. Ou le politique. C’est plus chic. C’est politique. Tout est politique. Des trucs comme ça. Ça mord. Elle mord. Ouf.

Tout va bien ? Remettez nous deux cafés.

A propos de Geneviève Flaven

Je suis née à Paris en 1969. En 2001 à Nice, j’ai fondé une agence de conseil en design puis suis partie à Shanghai pour développer mes activités. Le départ en Chine m’a mené vers l’écriture et la publication. Depuis mon retour en France en 2019, je me consacre à la création et à l’animation de projets collaboratifs de théâtre documentaire. Théâtre : The 99 project (http://www.the99project.net/ ) Blog : Shanghai confidential (https://shanghaiconfidential.wordpress.com/)

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