à partir de la #16 elle face à lui
Elle a posé le menton sur ses mains. Elle le regarde. Elle sourit. Il fixe un point sur le mur du fond. Elle se caresse le lobe de l’oreille, s’apprête à parler. On a beau faire, ils n’y arrivent pas. Toi, tu es devant et tu t’agites dans tous les sens mais à quoi bon ?
Ça coupe.
Elle a reposé ses mains sur la table, se triture les doigts, raconte des choses qu’il n’écoute pas, ce qui marche c’est de les faire écrire mais attention, des petites choses. Il dit oui écrire pourquoi pas ?
Ça coupe.
Il cherche dans sa tête comment changer de sujet, a trouvé un nouveau point à fixer, se retient de baisser le regard vers la poitrine qui s’anime. Elle lui a posé une question. Avec ceux pour qui lire est une torture, tu fais quoi ? Elle attend qu’il réponde intelligemment.
Ça coupe.
Il panique, n’a pas de réponse, dit des mots qu’il regrette aussitôt. Les volontaires et toi tu prends le relais. Faut pas insister si tu vois que ça peine.
Ça coupe.
Elle passe sa main dans sa frange. Il a peur qu’elle voie qu’il a regardé ses seins, se tortille sur sa chaise, cherche à appeler la serveuse pour commander un autre verre, mais est-ce que ça vaut bien la peine ? Tu as encore soif ? Moi, je reprendrais bien une bière mais je conduis, deux bières, c’est permis ?
Ça coupe.
Elle soupire. Je crois que c’est mieux comme ça.
Ça coupe. Il regarde du côté du comptoir, cherche avec insistance, se plaint du service. Un thé ? Une eau minérale ?
Elle a avancé ses mains sur la table.
Ça coupe.
Il a reculé les siennes. Tu sais. Elle sourit mais semble se lasser. Non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
Ça coupe.
… merci pour ces coupures si justes à des moments si opportuns… e peu de mots, une scène de vie, on y est. Merci!!