Sa voix pulse et je perçois un mot qui se jette à l’eau. Viens. Un mot sans bouée qui coule à pic au milieu de tous les autres. Ce brouhaha de mots qui surnagent au milieu et cet autre qui a disparu dans les profondeurs nébuleuses. Tout s’est évanoui.
Si tu ne viens pas je me casse. Ou je repars avec Julien. Ou avec Greg. Allez, viens, on continue la soirée ailleurs. Tu as assez bu comme ça.
Les garçons sont sur le point de partir. Ça tergiverse sur le prochain lieu où échouer.
Je ne suis pas ivre. Regarde moi, je touche mon nez sans problème.
Silhouette vacillante, je me vois dans la vitre, mon reflet imbibé, je ne vois pas le fond de mon œil. Dans le tain embué de vodka, l’estomac tangue. Au bord des lèvres, elle parle par ma bouche. Babouchka, petite danseuse, reste encore unnpeu s’il te plaît.
Elle voltige de bras en bras.
Au fond de mon ventre, ma voix sait se taire.
Vient dans les miens, viens valser.
Je ne sais que me trémousser, me dandiner comme une dinde, j’ouvre mes plumes une à une. Un paon plutôt, je fais ma roue. Elle fait semblant de m’ignorer. Elle leur parle plutôt qu’à moi.
Ne la servez plus, elle est bourrée. Elle ne peut même pas marcher droit.
T’inquiètes pas, on ferme les vannes.
Si tu veux, on vous raccompagne toutes les deux.
Lui, sûrement pas. Il rêve s’il pense que je vais monter dans sa vieille bagnole. Elle crisse de partout, vieille ruine rouillée qui pue l’huile et l’essence.
Dans l’air quelque chose vrille que je ne sais nommer. Peut-être une défiance, un désarroi, ou juste l’envie de vomir. C’est un mystère que mon système digestif résiste à tout ce que j’ai absorbé. Elle a dû faire le compte de verres pour moi. Elle a essayé de me stopper dans l’élan éthylique, ou était ce celui du désespoir.
Arrête de boire maintenant. Ça n’a rien de sexy ni de drôle. On va y aller, allez, on y va.
Allez on est parti.
Je ne supporte pas son air condescendant à celui-ci, tête à claque.
Tu sais que tu as une salle gueule.
C’est là que je lui ai vomi dessus. C’est là qu’elle est partie, dégoutée.
(reprise 26, la suite)
…. je ne sais si c’est l’ambiance en ce moment… mais ce que je lis , dont ton texte, est très fort… comme une vanne ouverte…merci pour ces mots » sans bouée » qui ne coulent pas du tout!!
Merci Eve, pas simple d’écrire, et de lire en ce moment, je me poserai ce week-end…