Reprise du texte 6, retravaillé aux lumières de la proposition 29. Ce passage se rajoutant à la fin.
l’enfant regarde le jour se déplier – le poids de la terre – impitoyable l’arbre – et la flaque à franchir – face brûlée du reflet – l’instant à cueillir – goutte en suspens – comme un éclair l’entrée dans l’ombre – la barrière de la haie – désir affamé d’horizon – de sa chair – comme allongé sous l’herbe – sous la poussière – la lumière un flacon d’eau de vie – trop tôt pour les étoiles – une brèche dans le feuillage – tout se métamorphose – l’enfant se laisse prendre dans le filet ainsi tissé – sous le silence émietté par le vent – des morceaux sur le sol – galets veinés de bleu – vitrail de ciel – quelque chose cherche à naître – entre les racines qui rougissent le sol – et ce qui reflue – les caillots de ce qui ne peut – dans les murs au loin des fenêtres – des voilages frémissent – un bras dans l’embrasure – des vies là-bas – ici l’enclave de la forêt – un espace de vert – séparé du monde – conque où demeurer – nappe de feuillages – lieu de présence – dont on ne sait rien – surgi un écureuil une faîne entre les pattes – puis le silence nouveau – et serait presque l’effroi – et lui presque dépouille – mais un souffle d’air suffit sur les cheveux de l’enfant – la vie le ranime – sève et sang – devant lui comme une toile – voile de la lumière – s’émouvoir du tableau qui devient flou – ou ce sont ses yeux qui s’enlarment – ou une lassitude s’empare de lui – comme si soudain défiguré le paysage se tordait de douleur – une sorte d’égarement se saisit de lui – l’enfant se recroqueville entre les buissons – des flammes lèchent la terre – suaire pense-t-il – les feuillages s’allongent et s’assombrissent – il tendrait bien la main pour un peu d’aide – mais il est seul – il n’y aurait plus que lui –