J’aimerais être accompagnée ainsi. Leurs mains en biais se tiennent, leur bras, blancs, se croisent les uns les autres, leurs visages de profil, le rouge à lèvre encore visible, on voit à peine une touffe de cheveux noir qui sortent de leurs voiles couleurs vives, rouge, bleu, orange, vert émeraude, dans une tresse des bras et des voiles, elles forment un mur, c’est la danse du passage entre la vie et la mort, j’entends le rythme, tu me montres ces images de danseuses, grecques, peintures du Museo Archeologico di Napoli, pourquoi je ne les ai jamais vu ? Les cigales ne cessent de nous accompagner, nous avons terminé de marcher dans l’Orto Botanico à Palermo e ora che siamo ferme in mezzo alle piante mi fai vedere queste immagini di Napoli. Nous sommes restée ensemble dans cette ville un peu par hasard, retrouvées de manière imprévues, les pas de l’une dans les pas de l’autre, pas inquiets sur les pavés des mêmes villes à quelque génération de distances. Je me suis perdue au milieu du marché comme dans un terrain vague, tout était presque terminé, les étals vides, les cris rares, quelques rires des tables, la chanson napolitaine qui règne à Palerme comme à Naples, neomelodica, dans les ruelles et les marchés et les repas da famille et un homme qui commence à claquer ses mains et tout le monde qui continue et un couple qui s’enlace et danse, plus loin la coupole en faïence, questo blu e verde acqua della maiolica che dà colore e pace al quartiere, et là la place qui s’ouvre, la piazza affastellata ancora dalle strutture metaliche del mercato et quelques tables encore attablés devant l’église du Carmine Maggiore, un groupe de jeunes qui termine son repas, je franchis les marches de l’église et ne trouve pas de repaire non plus au sein de l’église, vide et chaude, les tissus blanc et rouge à parure, le baroque ne donne pas de trêve à cette journée de chaleur, je me perds dans cette ville comme dans un terrain vague, dans un tourniquet d’églises, la dame devant la cathédrale presse son jus de citron avec du sel, c’est grâce au sel que je ne m’évanouis pas, cette fois–ci je vis à la via Carini, entre la via Tripoli e la via Tunisi, une ville entre dans l’autre, une ville revient dans l’autre ville, et les villes coloniales sont là, toujours inscrites dans nos rues, nos histoires, invisibles, à nouveau tout se joue encore une fois entre des rues coloniales, dans cette guerre séculaire. La Arabes à Palerme n’ont pas le visage tendu comme en France, il n’y pas la même convulsion, ici ils savent d’être chez eux, ils retrouvent leurs traces dans la langue et dans les rues, reconnus en ancien raïs, ils ne sont pas l’ennemi, ils connaissent les secrets de l’irrigation, de la pêche, de l’art, à lo Spasimo une fille voilée règne sur le murales de la cité, en vierge palestinienne, ses yeux irrigués de larmes, Palestina free, mais ils sont exterminés à coup d’épée dans le théâtre des Pupi et dans la mer.