Le fait que cette nuit je n’ai pas dormi. C’est inlassable. Le fait qu’au comptoir cette nuit de fragments cela me redresse. Le fait que cette nuit n’est pas une. Le fait que le comptoir en accueille d’autres que moi. Le fait que je ne connais pas leurs nuits. Le fait que j’ai l’impression d’être une macaroni sur le fil du collier supposément construit pour une fête des mères. Le fait que les autres macaronis au comptoir n’ont pas forcément pris leur douche. Le fait que c’est l’hiver la porte donc est fermée. Le fait qu’au commencement je préfère être seule pendant un temps incompressible pour boire mon premier café. Le fait que cette joie plus je la raconte et moins elle se ressemble. Le fait que je me retrouve ici trop entourée et que personne ne m’y oblige. Le fait que j’y pense et que cela rajoute. Le fait que j’ai des amis. Pourtant. Le fait qu’ici je ne prends part à aucune conversation. Le fait que je crois ne pas les écouter. Le fait que je me sente gamine renfrognée. Le fait que je voulais du silence et que je me retrouve là. Le fait que personne ne me pose de questions malgré mes cheveux grave emmêlés. Le fait que la petite dame blonde peroxydée a plus de cigarettes que de dents. Le fait qu’il est 8h08. Seulement. Le fait que ma journée n’a aucun wagon. Le fait que la serveuse se figure connaître la qualité de mes insomnies au nombre de cafés que je m’enfile. Le fait que j’ai pas mal brassé pour en arriver là. Le fait que mon voisin de comptoir est plus jeune que moi. Et le brouillage que cela créé dans mon esprit. Le fait que je lui souhaite bien du bonheur et que je me souhaite de dégager de cet enclos. Le fait que les conversations vont bon train et que je me sente spéciale ni en bien ni en mal dans cette petite meute locale. Le fait que j’aimerais bien qu’on s’étonne de ma présence. Le fait que ma voisine de gauche a des tatouages que j’essaie de comprendre. Le fait que je me demande si on peut aimer une personne autant qu’on aime ses tatouages. Le fait qu’un jour j’ai déclaré que je n’avais jamais aimé vraiment et que cela n’a débouché sur rien d’élévateur. Le fait que le patron s’en fout pas mal de pas mal de choses et qu’il a dû troquer son savon contre sa mauvaise foi. Le fait que j’ai des occasions. Le fait que je me raconte que ce troquet c’est pour réfléchir. Le fait que penser fait mal à force. Le fait que j’ai des fourmis dans les jambes. Le fait qu’avant je courais tous les matins et personne ne me demandait pourquoi. Le fait que tu me manques. C’est imparable.
4 commentaires à propos de “#anthologie #32 | Le fait que cette nuit je n’ai pas dormi”
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Le fait que cette joie plus je la raconte et moins elle se ressemble
C’est très beau, Tout me touche. Merci !
Merci merci Françoise !
Très touchant ce texte. Le fait que fonctionne très très bien. Merci !
Je bloque sur cette 32 je vais essayer « le fait que »
Merci Isabelle et bon 32 !