Vu d’hauteur humaine, c’est une petite tente comme celle qu’on déployait les soirs de bivouac ou comme il y en avait beaucoup sur le quai du fleuve au dernier printemps. Dans l’ovale de l’ouverture, une tête de chat rose à oreilles dodues, capuche d’un peignoir de bain bouclé recyclé. Sous la broderie du museau, un visage de femme penché sur ce que le regard furtif devine bande dessinée. Elle vient de se lever, elle prend son café dans l’entrée en lisant, elle vit ici depuis longtemps, sur la placette à l’angle du boulevard au nom d’un des lumières et de la rue au nom d’un romancier de cape et d’épée. Elle n’a pas été délogée ou relogée, comme ils disent, par les festivités olympiennes, trop loin du fleuve, pourtant pas si loin, googlemaps dit 1,2km mais le quartier ne va pas jusqu’à l’eau, au plus près entre Lyon et Austerlitz. Des hélicoptères tournent, répétant certainement quelque exhibition pour demain soir, au dessus de cette scène domestique en apparence calme mais va savoir. De là-haut, ils voient, s’ils y prêtent quelque attention, une autre dame qui vit dans une autre tente sur un autre boulevard au nom d’un autre gaillard des lumières et tant d’autres que, au ras du sol, je ne vois jamais, leurs tentes dessinant une route dans la ville, qu’ils — ces hélicoptères — suivront dans un ballet céleste de reconnaissance, de soutien et de gratitude. Ils les prendront à leur bord pour leur faire voir ce qu’elles savent de tout temps : l’immensité de la ville dont elles illuminent, de temps en temps, les matins.
… Merci pour cet éclairage , cette lumière sur ces tentes et ces femmes…en ces temps de flamme indécente…
Oui merci de faire exister l’important – l’envers du spectacle.
Elle est là c’est elle qui brûle . Merci.