On est là. Pour tous. Pour chacun. Frères, sœur, mère, cousin. Fils. Un pour chaque famille. Chaque famille n’existe que par un arraché, parti à l’improviste, un trou. Un virage pris lestement. La trop grande pureté de la drogue. La lame d’un couteau qui illumine la colère. L’élection de la maladie fulgurante. D’un coup. Tous se sont assemblés le jour d’après. Dans l’Église. Et puis à marcher derrière, au milieu de la rue, marcher jusqu’au trou creusé. Le nom sur les murs affiché la veille et le lendemain. On est là. Dans l’ombre des murs de tuf humide. Sur la place vide dans l’été, la chaleur ne touche plus. On est dans la pluie, dans le soir, le matin. On est là après l’étreinte, quand le bonheur pourrait être. Comme un verre d’eau. Là au soir quand toute la vie est pesée. On n’est pas ensemble. Chacun seul. Si proches mais sans se trouver, sans se toucher, sans se rencontrer. Ceux qui meurent en retard, ceux qui meurent soulagés, de l’âge. Ceux qui meurent desséchés, oubliés. On ne les retrouve pas. Allés ailleurs. On n’a rien fait. Pas de maison, pas de crime. On reste. Ancrés mais sans poids. Approcher le bruit de la fontaine apaise, le temps ne passe plus. Pas de mot à dire, pas de caresse, seulement regarder, même si les regards passent à travers, sans être arrêtés. La nuit ne passe pas, la nuit ne donne rien, il n’y a plus de sommeil, plus d’appel. On passe, on passe encore.
j’aime beaucoup ce texte, ces saccades de on, d’être ou pas là (tout et ce qui le nie), merci !
Merci à toi Gracia que je sais si sensible à ces voix