Demain il n’y a plus de lumière, plus de demain. Les oiseaux sont troués, d’un grand trou au milieu du ventre, au beau mitant du lit la rivière est profonde. Battent, battent les feuilles et les cloches d’abutilon. Le froid n’a plus idée du froid, le noir outrepasse sa couleur, m’en voudrez-vous beaucoup. L’armature du pont le plus haut dessine un œil puissant, sa paupière soutenue par des piliers de fonte. Les nuages se précipitent dessous, à ventres gris. Donnez-moi, donnez-moi. Les prénoms sont des miettes ramassées et perdues. Ce qui tourne échappe au suivant. Des péripéties d’or dévalent les pentes, lancées en toboggans qu’on appelait autrefois voie lactée, vive la rose, ce mélange tu n’en as plus l’usage, tu peux rentrer. Les bras des petites filles touchent les têtes de petits garçons entourés de bandages. Les poignets retombent et tournoient, sans haut, sans bas. Quand les hommes vivront. Il n’y aura plus de silence. Les soldats seront dispersés avec les branches. Veille l’heure, sonne l’ire des vaines tendresses, je n’ai plus le cœur pour toujours.
2 commentaires à propos de “#anthologie #31 | loin”
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Le plus étonnant, ce n’est pas la beauté apocalyptique de ce texte, mais la puissance de sa direction, sa capacité à tout emporter sur son passage.
houlala merci beaucoup Emmanuelle ! (je crois que c’est d’écrire comme si on était mort qui fait tout bouger savonnette)