Longtemps, j’ai eu froid. Je grelottais tout le temps. Puis je n’ai plus eu froid. Elle m’a emmené hors de la grotte et les autres sont restés sous la couverture. Je ne leur pas dit adieu. Ils sont restés et je suis parti. Elle faisait attention en me portant. Je ne sentais pas ses mains sur ma peau mais je savais qu’elles étaient là, qu’elle voulait encore un peu me caresser, même si elle n’a jamais été très caressante. Puis elle m’a déposé délicatement sur les feuilles mortes et je l’ai entendue creuser. Je ne la voyais pas. Elle avait fermé mes paupières. La pelle heurtait la terre puis la terre s’envolait pour retomber un peu plus loin. Ça a duré un certain temps, peut-être une heure, puis elle est revenue. Ses mains, j’ai imaginé que je les sentais sur moi, pour la dernière fois. Elles étaient dures, crevassées, rêches, mais elles allaient lentement, elles étaient précises, ne faisaient pas un geste de trop. Elle m’a posé sur le sol puis elle a repris la pelle et m’a recouvert. Je n’avais pas froid et je n’ai plus jamais eu froid.
Magnifique… nous sommes presque voisins… Genève