#07 – Le bureau dans le salon est installé de telle sorte à ce que je sois face à la fenêtre quand je lève l’écran de mon ordinateur. Ne pas faire face à un mur. La porte fenêtre est grande ouverte, ses deux battants sont poussés à l’extrême. Il se balade à demi nu sur le balcon, on peut très bien le voir depuis le parking à son troisième étage, en caleçon sur son balcon, à arroser les plantes, il est chez lui, c’est ce qu’il dit si on lui fait la remarque. C’est le début de l’après-midi. Pourtant la lumière est diffuse, lumière diffusée par les nuages qui ont tendance à noircir. Ils nous ont promis des éclaircis à seize heures. Le léger voilage anti-moustique continue le processus des nuages. La réverbération de la lumière sur le parquet dorée et sur les murs blancs crée une atmosphère étrange, quasiment désagréable. Il a quitté le canapé avec son ordinateur, il est assis par terre à gauche de la pièce, là où les rayons bas du soleil ne peuvent pas l’éblouir, parce qu’assis à ras du sol, il en a la rétine agressée malgré le demi jour. On ne va quand même pas allumer les lumières, pas en été, en pleine journée, fenêtres ouvertes. Le bureau fait face à la fenêtre mais il est au fond de la pièce, constamment à l’ombre. La lumière de l’écran fait alors un violent contraste avec le reste, lumière bleue vive qui m’éblouit un peu. Mes yeux, passant de la fenêtre à l’écran, doivent à chaque fois opérer une régulation minutieuse. Il dit que ce n’est pas normal, qu’il faudrait aller consulter, c’est peut-être un problème de carence, est-ce que j’ai demandé à l’IA ? Elle sait peut-être pourquoi c’est si difficile pour moi de gérer la lumière. Dehors, même le toit en zinc ne brille pas. Les éclaircis promises semblent être encore un mensonge, la légère ligne jaune à l’horizon a disparu. La météo ne ment pas, explique-t-il, c’est un principe de prévision, avec des calculs de statistique et de probabilité, on ne peut pas mentir si on ne sait pas la vérité, et la vérité on ne peut pas la savoir à l’avance dans ce cas-là, donc ils ne mentent pas, voilà ce qu’il dit quand on parle de mensonges météorologiques.