Entre les deux fenêtres, l’aquarelle de Marie Piat. J’ai dit un pont au-dessus d’une rivière, et un clocher en arrière-plan. Mais ce pourrait tout aussi bien être une autre aquarelle, celle aux pensées dans un vase ou ces maisons aux toits de chaume, ou encore cette sorte de rivière d’ambre s’écoulant entre des arbres. Le souvenir des tableaux de cette vieille dame qui tremblait, scintillent encore sur les murs de la mémoire.
À l’heure des métamorphoses, Da pacem Domine se dilue dans le lecteur CD. Les voix s’élèvent en une trame limpide, avec suffisamment de lenteur pour toucher un peu des doigts quelque chose ayant à voir avec la sérénité. Arvo Pärt y déploie des accords sensibles où se perdre, où rester.
Bien ancré dans son fauteuil favori, face au mur où sont accrochées trois têtes en terre, aux yeux clos, recouvertes de bandelettes sur le sommet du crâne, il se confronte à elles comme s’il les voyait pour la première fois. Un éclairage étrange venu des lampadaires de la rue, crée une bande de lumière à la lisière, comme si encore de la vie à ras sur les parois de peau.
#anthologie #19 | cartographie des ombres
Là, dans cette chambre où tout s’achève, combien de fois a-t-on écouté ses airs d ‘opéras favoris dans sa langue maternelle: Nessun dorma, La donna è mobile, Una furtiva lacrima et Core n’grato. Langue et musique liées pour tenir le plus longtemps possible le lien.
Tous sont partis, seule la grand-mère dans le fauteuil sous la bienveillante présence de la lithographie d’un ménestrel, accrochée près de la porte fenêtre, le chapeau bien campé sur sa tête, une pipe dans un coin de bouche, et un violon entre les bras. Jean-Alexis Bobichon, l’artiste bien connu dans la région, rejoint ses rêveries et y glisse quelques notes joyeuses.
C’est drôlement bien ! Bravo !
langue et musique pour tenir le plus longtemps possible
très réussi…
merci vraiment, Solange
et ça finit dans la joie…