# anthologie # 28 | installations

Une pyramide de boites translucides étagées, avec dedans des paquets qu’on devine, et d’autre boites, peu déchiffrables.  Couleurs et formes empilées. Produits alimentaires. L’éclat d’un couvercle rond contre la paroi. Peut-être la forme d’une boite d’allumettes. Le gras d’un possible paquet de farine. Des bâtonnets noirs comme sachets de café en poudre. Le brun d’un papier froissé, bouffant, protecteur, qui cache quelque chose. L’étagère de plastique distille un brouillard qui fait de l’ensemble une installation provisoire.

dans la forêt, après la pluie diluvienne, au bord du sentier, une forme blanche, délivrée de l’ensevelissement : on la dirait parfaitement sculptée, elle fait penser à quelque chose de connu. On cherche. On s’approche. On prend ce qu’on croit être une pierre, mise en évidence par une force inscrite dans la terre diluée par l’orage. La main soupèse et reconnait. C’est une huitre fossilisée, remontée à la surface. La mer fait signe. Regarde

Un clou oublié par le charpentier qui a réparé le toit après la tempête. Le clou brille sur la dernière marche

Sous la route à double pente, un passage a été inauguré, pour les piétons. Comme sous un pont. D’ailleurs le passage longe la rivière qui projette dans le béton ses reflets verts. On parle à voix basse : réverbération des sons, le murmure est merveille. Je me risque : bribe de chant, pour voir. La rivière accompagne l’essai avec ses projecteurs enfouis. Je tente un peu plus loin le chant. L’écho déclenché orchestre la tentative. Ça alors, dis-tu. Il faut revenir, avec des bougies, des chaises, des coussins, s’asseoir dans la caisse de résonance, écouter. Les crapauds chanteront aussi, impossible de faire autrement   

Rencontre du chèvrefeuille et du rouge-gorge entre deux averses

Comme sur un autel : un bouquet de plumes venues des oiseaux de mer, un japonais de porcelaine jouant de la flûte traversière à l’ombre d’un petit vase de verre au bords ondulés contenant deux brins de marjolaine, une lampe de chevet toute blanche, une minuscule tasse extraite de la dinette, et le bateau miniature, aux voiles de coquillages nacrés. Au-dessus, contre le mur blanc, la photo du peintre penché sur l’aquarelle en cours, sous la toile de tente orangée

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

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