#anthologie #28  | Edouard Levé | œuvres

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La vache a quitté le tableau elle est venue prier avec la vraie celle de l’étable elle s’est libérée du cadre pour goûter le foin et se faire traire et téter, échapper aux regards fixes de ceux qui voient passer un train. Se rouler dans la bouse chaude.

#16#

Sur sa chaise elle s’est mise à bouger sur une musique orientale et offrir à son interlocuteur une danse du ventre qui s’est terminé en strip-tease lent et suggestif. Les plis de sa peau racontaient les histoires de ses vêtements elle a fini par disparaitre dans l’ombre de ses mouvements laissant au sol une mare.

#21#

Et le mur s’est arrondi deux grands yeux étonnés, une bouche s’est ouverte et a déversé tous les messages de souhaits, les mots flottaient dans l’air comme des ballons gonflés à l’hélium, ils ont composé des secrets dont le reflet tremblait sur le mur ondulant devenu liquide.

#23#

Le facteur y est monté sur cet escalier en papier mâché et s’est cassé le bout du nez pirouettes cacahouètes est resté suspendu par les jambes pliées sur un trapèze en branches d’olivier tenues par deux colombes, avec ses orteils il tente d’écrire un message de paix.

#26#

Avec son entonnoir il a rempli le labyrinthe de son oreille droite pour savoir si elle communiquait directement avec son oreille gauche, mais il fut pris d’un vertige vestibulaire et vomit des noyaux de cerises avant de tomber dans un état comateux. A son réveil il est persuadé que les noyaux vomis sont des messages codés et les range dans un bocal de pensées non comprise.

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