Une anamorphose
En voyant cette tong échouée sur le sable si lisse, si étincelant de la plage d’Orangea, je me suis d’abord dit : quel dommage qu’elle ne soit pas une harpe, une harpa major ! La chaussure n’avait rien de ce coquillage magnifique : ni sa forme, ni sa taille, ni sa couleur, ni son éclat, ni sa bouche à la lèvre renflée qui lui confère un semblant d’érotisme. Rien. Je regardais la tong et je voyais la harpe. Par un phénomène d’anamorphose, qui dura un instant, mon esprit mêla l’une à l’autre. Je vis très distinctement, la samara, la harpe et le dessin que je ne ferais jamais.
Cf #3 Mais où est l’autre
Le tableau en attente
Ce pourrait-être un Violet Monochrome, comme on dit un Blue Monochrome d’une peinture d’Yves Klein, un carré violet sur fond blanc, à la manière de Kasimir Malevitch ou peut-être un Trois bandes, comme une œuvre d’Ellsworth Kelly, un bleu-violet- vert par exemple. Oui, mais quel violet ? Un violet lavande, couleur de Provence, un violet pâle léger, subtil, un bleu violet changeant selon la lumière, un mauve teinté de gris. Même si Internet précise que les couleurs Pantone se rapprochant de celle des fleurs de jacaranda ont les numéros 2726C et 2099C, je n’accorde aucune foi à ces informations. La splendeur, l’émotion, la tendresse de la floraison des jacarandas qui entourent le lac Anosy de Tananarive attendent toujours leur peintre.
Cf #12 Tamanrasset, Tananarive, Gustavia 2ème paragraphe
Un orchestre
Les Tambours de Bronx, un groupe né dans un quartier industriel de Varennes-Vauzelles, non loin de Nevers. Leurs premiers instruments furent des bidons récupérés de la SNCF. Leur musique est bruyante et rythmée tout comme celles des câbleuses des ateliers de la Tréfilerie Câblerie de Bourg-en-Bresse en 1965.
Cf #1 À l’usine
Un tableau de famille
C’est une peinture à l’huile 40 X 30 avec un cadre en bois sculpté et doré. Elle porte la signature A. Parilla, peintre dont le nom n’est pas passé à la postérité, une date 1906 et un lieu Castelsarrasin. Deux enfants sont assis dans une carriole de promenade, tirée par un âne. Le jeune garçon a une dizaine d’années et sa jeune sœur six ans puisqu’elle est née en 1900. Il s’agit de Rose, la grand-mère de l’Etienne de l’histoire. C’est un tableau posé, les enfants sont endimanchés, vêtus de noir pour le garçon et de blanc pour la petite fille. La carriole fleurie de bouquets rouges est arrêtée sous des arbres. L’âne, lui aussi, a son bouquet, bien fixé entre ses deux oreilles. Cette scène charmante est accrochée dans le salon.
Cf # 24 Quand Rosalie dort
Une musique de rue
Derrière la chanteuse de la photo, il y aurait son ami. Il l’accompagnerait avec son orgue de barbaire. Ce serait un orgue à anches, un 24 Thibouville, au son nasillard, posé sur une petite charrette. L’orgue de barbarie est cité dans de très nombreuses œuvres littéraires. « J’avais appris… en entendant un orgue de barbarie jouer sous la fenêtre « En revenant de la revue », que l’hiver recevait jusqu ‘au soir la visite inopinée et radieuse d’une journée de printemps. » (Marcel Proust)
En revenant de la revue/On a pris le chemin du retour/La, la, la, la, la, la /On a repris le chemin de l’amour… chantait Frehel en 1936
Note : ce n’était pas cette chanson que Proust ( en 1936, il était mort) a entendue mais plutôt celle que créa Paulus en 1886. Cette autre chanson porte le même titre ; c’est une satire de la petite-bourgeoisie séduite par le général Boulanger.
Cf #20 Toi chanteuse de rue
tableaux présences ou en attente
ou alors dessin « que je ne ferais jamais »
apprécié au passage les tambours du Bronx !
salut et merci, Émilie….
Restera à farcir nos textes de ces évocations artistiques. L’objet d’une autre proposition peut-être. Je trouve difficile de suivre le travail de —je ne dirais pas chacun —, mais même de quelques uns, ou de quelqu’une. Merci de me lire et prendre le temps de commenter.