#01 | « Il ne faut pas être noir pour lutter contre le racisme ou femme pour tenir des propos féministes ». Accrocher du regard comme à chaque fois le rouge et le noir des mots sur le mur en face du lycée et les lettres peintes sur carrés blancs, poings levés qui résistent aux assauts du temps et de la rue et se dire que tout n’est pas perdu tant que la révolte sourd.
#02 | Un portrait en noir et blanc. Tiré chez un photographe. On dirait un acteur de cinéma. Veste, chemise blanche, cravate. Front haut et dégagé. Soigneusement peigné, les cheveux lissés vers l’arrière. Mais ce qui frappe, c’est l’ombre. Il ne pose pas tout à fait de face. L’ombre lui mange la partie gauche du visage. Seul un triangle de lumière sur sa pommette saillante en réchappe. En voie de disparition déjà. On voit à peine les yeux. On les devine marron dans le creux des orbites sous les sourcils bruns légèrement froncés. Le nez trace une frontière fine et régulière entre l’ombre et la lumière. Les lèvres esquissent un doux sourire.
#05 | …et même la dame statue, je peux la voir sourire, tout près du kiosque à musique, assise avec son livre, j’aime caresser son visage si lisse si beau si doux, chère Gerty, comme l’appelle Denis, je n’ai jamais compris pourquoi elle tournait le dos à la mer, il m’a expliqué Denis que sa peau c’est du bronze et que c’est une fanm doubout qui parle bien, qui défend les petits comme nous, alors je lui jette aussi ma bouche et mon regard et mes fleurs à Gerty…
#15 | …ou bien le parapluie rouge et bleue du Touim’s de Claude Ponti en vol comme Mary Poppins dans la vallée profonde, les sentiers, les méandres de la rivière, et l’arbre-maison, et tout au loin, bien loin de tes mots, de la mélodie de ta voix, l’horizon des hautes montagnes, posé là sur la table de la cuisine…