Par la vitre du train remontant la foule, cette femme noire tenant son enfant à bout de bras
L’homme était là depuis au moins six heures, penché sur le loquet de la porte de la chambre qui ne voulait pas s’ouvrir et, voyant ma figure désolée, il avait dit : si vous envisagiez ne serait-ce qu’un instant la chose du point de vue de la porte. Malgré la sûreté de ses gestes rien n’y faisait. La porte ne s’ouvrait pas ; ou bien dans quelques jours avait dit l’homme. Je pensais que si je touchais la porte, elle allait tomber en poussière, et que derrière, il n’y avait rien, à part la vie
L’homme était là comme personne et il y avait de la terre autour et des feuilles. Beaucoup de feuilles pourtant c’était sur un quai et il n’y avait pas d’arbre; le regardant, regardant ce corps, cet homme en somme, du moins en avait-il l’apparence, même sans chapeau, et le regardant autant qu’elle le pouvait ; l’homme ne se tournait pas. Un morceau de bois, elle avait pensé, une souche. Elle s’était même raclé la gorge, espérant peut-être le réveiller : Si c’est un homme comme elle le pensait il pouvait une fois se retourner. Rien qu’un peu; même une fois, à peine. Elle le pensait très fort ; mais sur ce quai rien ne bougeait. Pas même une feuille. Et elle ne parlait pas leur langue.
ou monter dans le premier wagon ou retourner se coucher
Ces débuts comme des promesses de belles choses à venir. Très inspirant. Merci Nathalie.
Merci Élise ( est ce que ça va grandir?)
Trois fois rien mais beaucoup de mystère qui donne envie que ces ébauches de textes se déploient dans le cycle. Et puis « Un morceau de bois, elle avait pensé, une souche. » on voudrait que cette homme-arbre s’anime. Merci !
Merci beaucoup Camille , un peu paumée, je pique le mot à Brigitte, un peu par défaut; cette nuit il y avait trois autres entrées ( elles dorment encore )
Très beaucoup de plus dans vos trois fois rien. Merci Nathalie. Très beaucoup merci.
J’adore ces moments où on plante une graine. C’est sans doute le meilleur moment du jardinage, non de l’écriture. Enfin, c’est évidemment « monter dans le premier wagon »…
Merci Ugo et Jean Luc pour ce retour sur ces bribes arrêtées dans l’urgence ( le sentiment que les textes – après avoir fait la 28 – vont un peu beaucoup : trop dans l’étrangeté )