Il y avait cette maison sur la plage. Une longue plage qui était belle surtout d’être presque déserte dans une région où les corps s’entassaient sur toutes les étendues de sable, avec ou sans parasols à louer obligatoirement, avec ou sans cabanes abritant des restaurants. Une plage à laquelle on n’avait accès que par la mer ou depuis une des maisons qui la dominaient. Mais cette maison, elle, était très simple et ne dominait rien, elle était simplement posée sur un petit ourlet marquant le passage de la pinède au mélange de cailloux er de sable. Il y avait une femme dans cette maison, pour un temps. Etait-elle jeune ? Encore assez sans doute, un peu monisme quarante ans. Etait-elle belle ? Cela importe peu ; une seule certitude, elle était seule. Seule et de passage, arrivée depuis peu dans cette maison dont elle n’était pas propriétaire, qu’elle redécouvrait en ce premier matin, la lumière naissait sur la mer et la bande de sable comme elle l’avait fait depuis toujours, elle sortait de son rêve en regardant venir à elle un petit garçon tenant un chiot dans ses bras, ils se sont regardés et salués.
#8
Une femme est descendue du car à un arrêt de bord de route que lui avait indiqué le chauffeur, pressée de suivre le sentier dégringolant dans la nuit, glissant sur cailloux racines et ornières, entre pins et maquis, dans le bruit des branches et de la mer, vers la maison sur la plage pour s’installer dans une heure de calme et écrire ce qui s’était préparé en elle. Elle trébuche, elle hume, se veut discrète en passant sous une fête sur la terrasse d’une maison amie d’où un petit chiot trop sincère s’échappe, jappant doucement, queue en folie, pour lui dire son amour. Elle s’accroupit, ils s’embrassent, on appelle le chien, elle se glisse chevilles tordues hors du sentier et descend vers la mer dont l’odeur monte à elle… les politesses… elle se reprend : les amitiés, attendront demain.
#11
Elle était venue là pour… ne voulait penser « se retrouver » |trop ambitieux et sali par ce syntagme usé | lasse elle était du sérieux, de la langue mécanique, de ses élans d’autrefois si morts d’avoir été civilisés que n’étaient plus souvenirs. Elle descendait ce sentier mal connu, entre chênes kermès, troncs tordus des yeuses, hauts troncs des pins, dans les odeurs de poussière, d’herbes et de mer, les chuchotements de la vie invisible, les frôlements des branches contre des obstacles, les presque imperceptibles déplacements de pierres, bruissements d’épines, les images naissant en elle, cette montée atavique de la crainte qu’elle a voulu maîtriser par le jeu de son imagination, faisant du son d’un souffle épuisé, du frottement entre un solide et le sable humide un peu plus bas, la mise au sec d’un canot de pirates venu d’un film sans que l’assaut soudain de l’amitié d’un petit chien accourant pour lui lécher le visage rompe l’illusion.
#26
La suite, la suite !
elles sont encore indéterminées