Avez-vous remarqué que les histoires qu’on se raconte depuis quelque temps, comme celles qu’on entend deci delà, sont de plus en plus étranges. Je ne parle pas de celles qu’on se raconte à soi-même. Celles-ci ont toujours été hors compétition. Je parle de ces histoires capables de nous mettre la tête à l’envers. Je parle de ces histoires dont on ne sait pas dire, par quelque bout qu’on les attrape, si elles sont vraies ou fausses. Comme si dorénavant il n’y avait plus à se poser cette question. Une histoire vous arrive, de quelque part, et qu’elle soit de source sure, ou provenant d’une eau trouble, elle vous prend, et le corps et la tête. Le plus utile, pour y voir un peu plus clair, serait de laisser parler celui ou celle qui est au cœur de l’histoire, qui l’a vécue dans sa chair, dans ses tripes, dans toutes les parties connues et dissimulées de son cerveau. Laissons-la, laissons-le dire, et démêler, pour nous, le faux du vrai.*
( au choix, ou les deux)
*#anthologie #23| Tomber de haut
*#anthologie #24 | Des bêtes et des hommes
Elle est trapéziste dans un cirque, et va de ville en ville. Je suis ingénieur éclairagiste pour des artistes, je les accompagne de concert en salle de spectacle. Sa vie tient à quelques fils solidement attachés sur le toit du chapiteau, le toit de son monde. Je dois ma vie à rester dans l’ombre pour mieux éclairer les autres. Un bateau, sans amarres, voyageant de nuit nous avait réunis, sur le pont. Elle et sa famille de nomades allaient divertir des insulaires, les musiciens et moi partions les faire chanter et danser. Tout est allé très vite, ensuite. S’aimer, beaucoup, faire des enfants, prestement, et vivre, même funambules de l’air et de la lumière, comme tout le monde, ou presque.*
*#anthologie #09 | La cabane
*#anthologie #11 | Larguer les amarres
Passer par une porte qui n’existe pas pour les autres, qui est là juste pour soi, que les autres sont incapables d’apercevoir, de discerner, et même de s’en faire une idée. Savoir qu’on est seul au moment de franchir le seuil. Pouvoir s’avancer vers l’autre côté, en sentant qu’on est quand même pas tout seul. Ni derrière, ni devant. La chose est indicible, alors imaginer.*
Je trouve l’exercice très intéressant. D’une pièce où on était déjà, on nous propose de raconter comment on a ouvert la porte pour y arriver. C’est ce que je ressens en lisant tes « textes d’avant ». Étrange et réussi. Merci.
Beaucoup aimé les deux premiers textes avec une préférence pour le premier et toute sa réflexion sur les choses que l’on entend de plus en plus étranges. La sensation aussitôt de comprendre de quoi tu parles alors que je ne le sais pas mais la sensation de ressentir aussi cela fortement. Merci Eve, belle journée. PS : Je ne parle pas de celles qu’on se raconte à soi-même. Celles-ci ont toujours été hors compétition. J’ADORE.