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Un jour , une gorgone en lunette de soleil débarque chez quelqu’un. Elle est trempée , elle a nagé, elle est fatiguée. Et là , elle s’écroule. Tout le monde s’attend à ce que la gorgone soit malfaisante. Et non, en fait, c’est une gorgone déprogrammée de sa propre image de Gorgone. Alors pourquoi une gorgone. Le mot a une image phonique agréable. La gutturale répétée deux fois dans le mot (G-G)raisonne comme un mot qui vient des profondeurs de la gorge . Comme la gorgone qui vient des profondeurs de l’imagination, que dis-je de la disponibilité psychique qui fait écrire et créer. Gorgone remonte à la surface pour délivrer un message. Sera-t-elle comprise ? quel message? Est-ce le plus important ? N’est-ce pas la rencontre avec Elle , le plus important. Celle qui écrit et cherche dans ces propres profondeurs. Plus Gorgone remonte des profondeurs plus elle s’assèche, plus elle tend à disparaitre et à mourir peut-être et avec elle son monde imaginaire. il y a donc urgence… Le problème n’est pas dans ce qu’elle a à dire mais dans le chemin qui l’ a menée devant la porte de sa créatrice.
#8
Sera porté au texte « Gorgone » (contrib 8 et 23)
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Un jour , une femme un peu surmenée pour ne pas dire complètement disjonctée, fait ses courses dans un supermarché. Elle manque d’ écraser un caddie qui a été abandonné sur le parking par une cliente. De ce jour , elle va l’adopter, va s’occuper du caddie comme d’un être vivant. Quand l’objet devient le catalyseur de toutes ses angoisses à elle et de toutes ses frustrations. Quand l’objet devient objet d’ amour, porteur d’amour. Quand l’objet devient compagnon de vie. Quand l’objet devient le but d’une vie, une respiration. Quand l’objet devient catalyseur de violence. Quand l’objet devient objet de torture et de sévices . Quand l’objet devient l’expression de la révolte et du ressentiment , quand l’objet devient logorrhée et monologue intérieur. Quand l’objet inattendu devient l’ami du quotidien. Quand l’objet parle . Quand l’objet se vide et se remplit d’autres objets, quand l’objet fait expérience. Quand l’objet est trempé, qu’il a chaud ou froid. Quand l’objet est l’objet de toutes les attentions. Que les deux protagonistes ne se quittent plus, ne se remplient plus , ne mangent plus, ne sortent plus, ne respirent plus…
#3
Sera porté au texte « Caddie » ( contrib 3)
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Un jour , un homme bien soigné, propre , habillé en tenue de ville, poli se perd dans sa ville. Il a perdu l’usage des noms propres en premier. Comme il est sorti promener son chien, Il n’a aucun papier d’identité sur lui. Il erre , et rencontre des passants avec qui il dialogue. Un voisin, un gendarme, un SDF, une nounou qui promène un enfant, un étudiant en médecine. Il va aller à la recherche de ses souvenirs pour se retrouver. Il lui apparait qu’il lui est inconnu à son adresse. (C’ est à dire qu’il est inconnu à lui-même si je puis dire). Mais les passants ne l’aident pas toujours et l’envoient sur des fausses pistes, les uns lui racontent leur vie, pourquoi et comment ils sont arrivés dans ce quartier. D’autres , d’autres choses qui n’ ont rien à voir avec sa question de départ . C’est le quartier d’une ville de province , d’une zone pavillonnaire qui vit en microcosme. La narration sera écrite au je , tout sera vu et raconté du point de vue de l’homme à qui il manque des éléments de langages, de cohérences, de synchronisation avec le réel.
Sera porté à « Inconnu à cette adresse » contrib 16
#16
oh, mais c’est toujours si émotionnel lancer une proposition inédite, en tout cas pour soi-même laboratoire, et la découvrir en plein fonctionnement… et que ça marche !
J en conclue que je me suis approchée des enjeux littéraires de Manganelli que je découvre avec surprise et plaisir merci !
Je ne sais pas lequel je préfère des trois. Tous donnent envie : gorgone, caddie ou homme perdu. C’est très réussi. Merci.