Un homme vient à bout du secret de sa fuite, comme on reçoit en plein front une pierre balancée par mégarde. Il est assommé sur le coup. Ce qu’il n’avait osé entrevoir apparaît découpé sur les années, sa mémoire revisite les situations, les incompréhensions, les silences, et aujourd’hui, le corps de son frère lui arrache ce qu’il savait déjà qu’il ne voulait pas savoir. Il s’expliquera plus tard les raisons de son départ. Mais la principale, celle qui l’a conduit ailleurs, c’est la culpabilité d’un autre, et il n’ose encore dénouer les fils de l’écheveau de mensonges qu’il aura fallu tisser, contre lui, pour le maintenir au loin. (anthologie # 5)
Dans ses rêves, il revient lui parler, ou plutôt il revient la faire parler. Il a besoin d’entendre le son de sa voix, alors il la recrée de tous les chants qu’il lui a entendus chanter. Il ne sait plus rien de ses fragilités, elle a vieilli loin de lui. Il a vieilli loin d’elle. Il la reverra pourtant, vraiment. Se reconnaîtront-ils ? Je veux dire, sauront-ils retrouver en chacun ce qui les avait conduits l’un vers l’autre ? Ce fil ténu qui vous relie par-delà la langue, l’éducation, le mode de vie ? (anthologie # 16)
La vie et ses répétitions… La vie qui joue son propre jeu, celui auquel on ne comprend rien. Et l’homme ne voit pas bien où elle veut en venir. De ses coups de tête, ses blessures, son orgueil, sa naïveté, sa ténacité, sa susceptibilité, son idéalisme… quelle a été sa part dans ce qui lui est arrivé, il se le demande. C’est sans doute pour cela qu’il revient s’échouer dans le lieu premier, au milieu de l’oubli dont la vie l’a enveloppé. (anthologie # 24)
« C’est sans doute pour cela qu’il revient s’échouer dans le lieu premier… » beau ! et de finir dessus !
Grand merci à toi, Gracia… et je ne t’avais pas lue avant d’écrire ni de poster mon #28… Des bises !
se faire assommer sur le coup, se revoir, se reconnaître ou non, tisser les mensonges
et heureusement les rêves…
à suivre ces entrelacs de matière si humaine
(il me semble avoir lu plusieurs fois chez toi cette idée de retrouver quelqu’un après longtemps, quelqu’un qu’on a bien connu et de près, mais c’est peut être moi qui invente…)
Chère Françoise, quel plaisir d’être lue par toi ! Oui, il y a cela dans ce que j’écris… depuis trop longtemps déjà ! merci !
Merci Marlen pour ces bouts d’histoires qui viennent en complément des anthologies déjà écrites et je me rends compte qu’il n’y a même pas besoin de les relire pour s’envoler dans l’imaginaire avec les images que tu nous offres à travers cette proposition. Bonne continuation dans tes écrits.
Merci à toi, Clarence, pour ce retour qui me touche sincèrement !