Un homme nu dans le lit asséché de la rivière, un homme danse et lit et fait sa prière. Le soleil chauffe le sable, enfièvre les galets, brûle les rochers à cœur. Le ciel est orangé, les paroles en l’air enflammé. Le silence étouffe la moindre tentative de bruit de fond. Il n’y a là aucun rêve, aucun délire, aucun mirage. Seulement des mots… et tout autour des mots, des vivants et des morts, puis des morts et de vivants. Un homme ne danse plus, ne lit plus et ne fait plus sa prière.
Anthologie #08
C’est le troisième jour que Z. se retrouve dans cette situation. Exactement la même situation que la veille et que l’avant-veille. Hier, il a pris conscience au fur et à mesure de la répétition chronologique des évènements et, sidéré, il a pensé au film Un jour sans fin dans lequel les personnages étaient enfermés dans une boucle temporelle. Il ne peut pas jurer que c’est ce qu’il est en train de vivre, que tout est exactement pareil que la veille parce que dans une journée on ne retient pas tous les détails, mais à partir du moment où il en prend conscience, il fait attention à chacun de ses faits et gestes, se disant qu’il verra bien demain s’il est lui-même victime d’un piège semblable. Et aujourd’hui, à dix heures du matin, tandis qu’il travaille sur l’aménagement de son nouvel appartement, il ne semble pas perturbé par cette prise de conscience de la veille… pas encore.
Anthologie #05
Je veux vivre pour mourir. Aller au bout de mes désirs de destruction, au bout du bout de mes transgressions, au bout de la mise en miettes du vernis qui me fait tenir debout. Je veux m’écrouler lamentablement et de mon propre gré. Je veux pouvoir choisir la jouissance d’une chute aux enfers, la mienne.