C’était un homme sans histoire qui avait une petite auto et qui se fiait totalement à une application informatique du nom de Waze pour aller d’un point à un autre. Un jour, il partit pour les Vosges et en entrant la destination, il sut qu’il arriverait à 14h15, c’était presque parfait, il avait rendez-vous à 14h30 mais après une pause sur l’autoroute, alors qu’il n’avait pris qu’un petit quart d’heure, Waze indiqua qu’il arriverait à 15h30. Il venait de perdre une heure dans les plis de l’espace-temps. Cela ne l’affolait pas, il savait qu’en partant d’Europe pour la Nouvelle-Zélande, une journée entière de votre vie disparaissait. Alors une heure !
C’était un petit homme qui se prenait pour un chat, un jour, il décida de réaliser l’expérience du chat de Schrödinger, être à la fois vivant et mort. Cet état de superposition en mécanique quantique le fascinait. Il avait même acheté l’acide cyanhydrique, bouché tous les orifices de son placard dans lequel il prévoyait de se faire enfermé. Le problème était de trouver quelqu’un qui veuille bien l’aider dans cette tâche. Un ami. Mais il n’en avait pas. Alors il décida de se faire un ami. Il savait que ça prendrait du temps, mais il n’était pas pressé.
#05 Elle était toute ronde de la tête aux pieds et sa voix était tranquille à l’image de son caractère tout en rondeur comme son corps. Pour son immeuble, elle était la mère Jojo, elle qui n’avait pas d’enfants, mais tous les mômes du HLM savaient où ils pouvaient boire un coca, se faire consoler, ou simplement jouer. C’est ainsi qu’elle était devenue leur deuxième mère ou la première.
#24 C’était une femme qui s’ennuyait et qui avait trouvé comme dérivatif à son ennui, de prendre le train. Non pas pour découvrir des lieux qu’elle ne connaissait pas mais pour observer ses compagnons de voyage. Elle aimait guetter le moment où ils sombraient dans le sommeil, se ravissait de ces instants où le corps s’abandonne, où la tête dodeline et où les mâchoires laissent passer un filet de bave. Son plaisir : les croquer ainsi.
#03 C’était un obsédé de la température, il ne se passait pas un moment sans qu’il mesure celle de son propre corps, celle de l’eau, celle de l’air… Dans sa maison, à chaque pièce un ou plusieurs thermomètres, des au mercure, des à piles, des extérieurs sur les fenêtres, coincés entre les volets, des intérieurs sur chaque meuble. Son rêve, s’équiper de toilettes japonaises qui prendraient sa température et lui donnerait l’état de sa santé avec toutes les analyses possibles sur sa température, l’état de ses urines et de ses matières.
J’ai beaucoup aimé le ton faussement léger et la touche un brin absurde et effrayant des deux premiers, tout en finesse