Une femme, a l’approche de ses 100 ans, se dit qu’il est temps de se retourner et de regarder ce qu’a été sa vie. En quoi se résumerait cette vie qu’elle n’aurait jamais imaginée aussi longue ? Elle pense d’abord à un cube. Il tiendrait dans sa main comme ceux de la boîte de jeu de son enfance, le papier coloré, un coin à peine décollé et sa sœur, ses petits doigts, lambeau après lambeau, sa sœur avait déchiré l’image du lapin bleu, sa préférée. Une enfant malfaisante disait la mère. Non, un cube avec ses 8 sommets et cet aspect régulier des côtés ne dirait rien de sa vie. Plutôt une pyramide, bien plantée sur sa base. Un seul sommet, le point culminant. De là elle pourra balayer l’étendue de son existence.
#05 la femme oubliée
Une femme quitte son appartement et le dedans sort avec elle, il ne veut pas rester à l’intérieur, il a peur quand elle n’est pas là. Elle tente de le raisonner, de lui expliquer que le dedans est pour elle un refuge, un cocon qui ne peut pas s’exposer au dehors. Le dedans ne veut rien savoir, il se colle à la femme comme un baiser poisseux. Elle le repousse à l’intérieur, il résiste, il a plus de souffle qu’elle ne pensait. Pourtant, depuis plusieurs semaines, elle n’a pas ouvert les fenêtres de l’appartement, imaginant que l’atmosphère poussiéreuse ajouterait de la douceur à son intérieur, comme l’eau brumisée sur le visage apporte de la fraîcheur. Elle retourne dans l’appartement, se défait du dedans comme d’un vêtement mouillé puis, d’un bond, se jette sur la porte qu’elle referme à double tour.
#03 – décrocher la pendule
Une femme pleutre se soustrait à elle-même chaque fois qu’elle a peur. Cette réaction génère un vide à l’intérieur d’elle et comme chacun sait que la nature a horreur du vide, l’objet de sa peur se précipite pour le remplir. Et la femme pleutre, pensant par sa ruse se dérober à tous les dangers, devient, à son insu, porteuse des plus légères frayeurs comme des innommables terreurs.
#08- tambour battant