#anthologie #26 | une voix comme une caresse

Ce serait comme entendre à travers un voile ou un brouillard. Les brumes de l’alcool opacifient, l’oreille tambourine et déforme, acouphènes sûrement, surdité à demi. Ou serait-ce n’entendre que ce qu’on souhaite entendre. Le cerveau nimbé perçoit des voix qu’il reconnaît sans traduire les mots. Il y a éclat de joie, il y a inflexions, tessitures plus basse, scansions chants. Au milieu des acides et des cocktails, reconnaître aussi les sons, les cubes de glace s’entrechoquent dans les verres, et la musique pulse plus fort. Nirvana. Ce n’est pas moi qui me le dit, c’est quelque part à l’intérieur de moi, dans les organes, dans les veines. Le son ne s’entend pas, il se ressent dans le corps, cogne, voudrait habiter, creuser. Le son ouvre la cage thoracique. La voix de Kurt Cobain couvre toutes les autres. Et puis, il y a sa voix à elle qui s’est rapproché au plus près. Sa bouche contre mon oreille. Je ne comprends pas les mots, je me laisse juste bercer par sa voix. Je ferme les yeux pour mieux laisser sa voix pénétrer. Sa voix passe la barrière de ma peau. Léger hérissement, poil dressé. Sa voix comme une caresse.

A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique, ceux qui m'aiment (Tarmac), d'un recueil de nouvelles, Faims (Christophe Chomant) et d'un récit poétique et choral, peggy m. aux éditions la place. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...

6 commentaires à propos de “#anthologie #26 | une voix comme une caresse”

  1. « Le cerveau nimbé perçoit des voix qu’il reconnaît sans traduire les mots. Il y a éclat de joie, il y a inflexions, tessitures plus basse, scansions chants. » percevoir sans traduire … j’aime ce « il y a » sous acide

  2. Au milieu des acides et des cocktails, reconnaître aussi les sons, les cubes de glace s’entrechoquent dans les verres, et la musique pulse plus fort. Nirvana. Ce n’est pas moi qui me le dit, c’est quelque part à l’intérieur de moi, dans les organes, dans les veines. On y est