…chant lancinant des grenouilles dans la nuit qui tombe, tour à tour assourdi par le bruit des conversations, ou bien au contraire, chant vibrant pour les oreilles attentives et silencieuses décrochées des voix, spectatrices, ou encore perçant dans les ralentissements de la conversation, voire plus rarement, dans les interstices de silence, ces moments où, dit-on, les anges passent sans même froisser leurs ailes, et puis, entremêlés, superposés, fondus, la clarté des voix les éclats de rires le tintement des verres le raclement d’une chaise que l’on déplace sur le sol les bruits des corps, mastication des bouches, claquement de talons, toux pour éclaircir les gorges, froissement d’une robe, les conversations d’abord ténues, retenues, bruissantes à deux ou trois et puis progressivement leur grossissement, leur épaississement au fur et à mesure où elles se mêlent et s’entrecroisent noyant le murmure des paroles chuchotées de deux qui glissent leurs mots confidentiels de bouche en bouche pour ne pas qu’ils s’échappent trop loin avant de reprendre le fil de la conversation commune, et au fur et à mesure que les heures passent, que les verres tintent, une voix plus haute que l’autre, des éclats de rire plus sonores dans la nuit du quartier, soudain suspendus par des cris dans la maison plus bas, des mots hurlés plus hauts que les autres, des pleurs qui suspendent un bref instant toutes les bouches et toutes les oreilles soudain sur le qui-vive, jusqu’à ce que la conversation reprenne car la vie continue après tout, et puis la musique de surgir et d’envelopper les voix, d’enrober les récits et anecdotes, et puis toi dans tous ces bruits et ces voix, toi dans ce qui devient pour toi un seul bruit de fond ambiant assourdi, toi toute entière, bientôt, malgré tes efforts pour t’accrocher à cette voix-là, à cette mélodie, toi bientôt enfermée dans ton vacarme intérieur, dans tes voix qui s’entrechoquent en toi face à ces bouches qui s’ouvrent et se ferment, tentent de te raccrocher mais il est déjà trop tard, conversations, musique, chant des grenouilles sombrent, brouhaha lointain, dans le tumulte de tes pensées…
belle montée de l’angoisse BRAVO (en petite vieille pleutre l’ai jugulée
Oh merci merci Brigitte de ton passage et de ton retour !
Ange qui passe , qui vive , voix intérieure et le mouvement de l’écriture . Merci !
Merci Nathalie ! Texte auquel je tiens donc double merci !