#anthologie #26 | rue d’orsel

ça lui reprend l’envie de crier dans la rue comme une ambiance d’instant historique comme ils disent il a envie d’en être de drapeau brandi ça fait longtemps qu’il n’avait pas eu ces idées il avait même cru ne jamais y revenir et quand elle lui a parlé de la manif il n’a pas compris de suite elle parle vite comme l’autre soir quand elle essayait de photographier sur la télé une danseuse devant le delacroix, celui avec la fille seins nus qui avance sur des hommes morts avec son drapeau dont on ne voit bien que le rouge elle dirait quoi la fille au bonnet rouge de 1830 elle dirait quoi en juillet 2024 frontpop’ allez les gars les filles on s’bouge allez hop tout l’monde dans la rue et le gars qui fait la manche dans la rame arrêtée sur le quai en face il leur dit quoi ils en entendent ils en savent quoi pas plus que de la fille au téléphone à côté de toi langue inconnue voix que tu supposes s’adresser à un ailleurs du bout du monde mais peut être à deux pas va savoir dans la rue qui monte à montmartre montagnes de tour eiffel porte clés seul langage commun à ces femmes et hommes de partout à la manif république quelques éclats de voix tous parlent de la même chose rapport de force premier ministre on s’bouge il ne cherche pas plus à comprendre que gare du nord quand il a l’impression toujours de s’avancer vers le monde entier qui est venu à lui avec langues et postures qui lui restent étrangères vous aviez dit rue d’orsel je crois que c’était le 4 de la rue d’orsel il y a si longtemps entre d’Orsel décor et lingeries Janval je fais mon Modiano j’ai envie de sonner pour discuter mais ça n’aura pas lieu vous êtes morte.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

4 commentaires à propos de “#anthologie #26 | rue d’orsel”

  1. d’abord le titre ( rue d’Orsel dans mes 22 et 23 ) intriguée
    L’effervescence d’un dimanche qui donne envie de crier et l’absence de ponctuation contribue à cette impression de surgissement de voix de rue d’ici maintenant et d’avant au 4 de la rue ( « ne pas laisser le temps ne pas tout perdre » c’est ce qu’on entend ici) Merci

  2. (Modiano était plutôt vers Coustou) (ce que j’en dis hein…) mais devant le 4 (à moins que ce ne soit le 4 Livingstone) souvent me semble me souvenir stationnait une maserati (un coupé dans les tons sombres) qui appartenait à celui qui vendait (vend encore je crois bien) (mais la voiture je ne la vois plus) des plumes d’autruches (fem’chic en spectacle) et autres effets d’appoint de toutes couleurs

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