Il est en colère, elle écoute la tête basse, je ne comprends pas, je ne les entends pas, j’ai essayé plusieurs fois de comprendre pourquoi ils en étaient arrivés à ce point, et puis après avoir douté des mon audition j’ai compris, j’ai levé la tête et je les ai vus. C’est eux qui m’empêchaient d’entendre, c’est eux qui électrifient l’air, qui faisaient de nous des éléments instables, qui provoquaient ces courts-circuits humains, je ne crois pas que les autres aient compris qu’elle était la cause de leur folie, pourtant il suffit de lever la tête. Ils en viennent aux mains, je vois leurs bouches hurler dans le vide, je n’ose pas bouger, qui oserait bouger dans ces circonstances, je me dis qu’aux moindres gestes ils pourraient descendre et venir vers moi. Ils sont à terre, ils continuent de se battre, je vois un peu de sang sur leurs visages. Plus loin, je la vois, elle aussi est immobile, elle les a certainement vus, j’avance vers elle lentement, il me faudra du temps pour être près d’elle, savoir que quelqu’un d’autre les a vus, je crois que cela me rassure. Ils ne bougent plus. Je ne sais pas ce que nous ferons ensemble, je ne sais pas si le mot ensemble est le bon. Mais je n’ai pas d’autre choix, autrement leur folie me gagnera. Ils sont toujours là au-dessus, je sens cette vibration, je ne les regarde pas, comme si cela les occultait, ce réflexe idiot de l’enfance, ne pas voir, ce qu’on ne voit pas n’existe pas, j’aimerais ne plus les entendre, peut-être que c’est la solution, je vois un petit bâton par terre, je le prends, je l’approche de mon oreille.