# Anthologie # 26 | La chambre silencieuse

Cet après midi d’août, je venais d’arriver dans l’appartement de l’homme malade. A tel point malade et proche du trépas qu’il ne parlait plus, mais peut-être entendait il encore. Debout dans le couloir près de la porte de sa chambre, j’entendais ses proches lui murmurer des paroles douces, je ne percevais pas les mots mais le ton des voix qui n’osaient pas parler fort me parvenait. Je n’osais pas entrer, j’attendais qu’il fût  seul. Sa femme sortit enfin, suivie par ses deux fils. Je pénétrais dans la chambre et m’approchais de l’homme. Je lui pris la main. J’aurais voulu lui dire tant de choses, mais les mots restaient au fond de ma gorge et je regardais ses paupières fermées. Il avait chaud, il n’aimait pas la chaleur, je le savais. Alors je me saisis du petit vaporisateur d’eau et je lui envoyais quelques gouttelettes sur le visage pour le rafraîchir. Mes mots ne faisaient pas de bruit, mes mots étaient silencieux, ils répondaient à son silence et à ses lèvres closes. J’entendais son mal respire, ses poumons encombrés, chaque respiration semblait douloureuse et lui demandait de la force, la force qui le quittait. Dans la chambre les volets avaient été baissés pour faire taire la chaleur. Dans la chambre silencieuse, j’entendais le vacarme de la vie qui le quittait et je faisais mienne la paix que je lui souhaitais.

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