Le roi s’approche du jardinier, les ciseaux cliquètent. Attente par le mouvement — de plus en plus ample d’un côté, vif et saccadé de l’autre.
Le roi force l’air en dehors de sa poitrine, pas exactement au moment opportun — il sait qu’un tel moment n’existe pas — mais, disons, à un moment agréable. C’est la texture de l’écorce d’un platane qui vole jusqu’au jardinier. La réponse est en chêne-liège : noble et malléable. Politesse passée, on sort les instruments. Peut-être un violoncelle et une contrebasse, et, tout à la fin, un flûtiau souligne la vérité. Puis c’est la trompette qui sonne : la vague était trop creuse pour qu’elle ne s’invite pas. Timbales. Un roulement, non pas d’ornement, mais d’ossature, vers une réponse sèche comme une noix, toute pleine de vérité là encore. De l’horizon de ce désert émerge un ensemble de violons portant deux aiguilles qui tricottent de la laine. On ne les cache pas ; elles sont là, sur scène, à côté des tambourins. Le roi brasse une eau claire dans un bassin de pierre. Il sort de sa tunique un gros galet qu’il gardait près de son cœur et le lance en cloche. Bruit rond, coulé, puis c’est le rebond du liquide ; l’avenir qui s’ouvre, se referme ; l’ancien et l’avenir qui se mêle.