il fait tellement chaud qu’ils ont laissé leur porte ouverte, un simple rideau anti mouches les protège de la rue. Je passe devant chez eux, j’entends Pierrette roter à plusieurs reprises, elle commente « ah ça fait du bien, oh putain ça fait du bien » à nouveau un chapelet de rots retentissants. Pierrot maugréé «oh oh oh tu la fermes », elle renifle bruyamment et baille à s’en décrocher les mâchoires. Pierrot reste muet, je l’entends pianoter sur la table. Soudain le bruit des pieds d’une chaise qui raclent le sol. Est-ce lui ou est-ce elle qui se lève? Des pets sonores en cascade ponctuent le déplacement de la chaise. Pierrot meugle des borborygmes incompréhensibles, se racle la gorge, crache et renifle. Pierrette pousse un cri rauque et enchaîne plusieurs insultes à peine articulées : « bâtard, gros dégueulasse, saligaud » Il lui répond « va te faire foutre salope » et on dirait qu’il commencent à se courir après autour de la table. Bris de verres, d’assiettes, rire gras de Pierette, chute sourde d’un corps et Pierrot qui hurle « aïe, aïe, merde merde aïe, je meurs, aïe ». Et j’entends des claques et des coups de pieds. Tout valdingue. Pierrette éclate d’un fou rire irrépressible. Pierrot essaie de lui parler mais il a le hoquet et n’arrive pas à sortir deux mots sans être secoué par des soubresauts incontrôlables. Pierrette crache à son tour et claque la porte. La cacophonie se calme, on n’entend plus que quelques gémissements de Pierrot qui s’évanouissent dans des ronflements sonores ponctués de temps à autre par des râles de douleurs. Faut-il intervenir ?
Un homme battu ?
Quelle escalade… Et la « vraie » question de la chute… Merci !