#anthologie #25  | Ryoko Sekiguchi | comment sens-tu ?

L’odeur est un art subtil une anticipation une ligne de fuite qui s’engouffre en toi à contre-sens remonte le souffle, s’accroche t’emmène par le bout du nez à te sentir  

L’odeur du monde qui tourne sait elle qu’elle tourne, une brise dans les narines traverse les artères les veines serpente à  travers les canaux mystérieux de son corps immense l’odeur change et se déforme il sent le cauchemar 

L’odeur métallique du sang forte presque sucré

Sentir n’est pas seulement respirer s’est s’ouvrir se laisser traverser se laisser surprendre se laisser hanter par l’odeur de la fumée qui nous prend aux tripes alors que quelque chose pourrait arriver. 

L’odeur étrange et presque métallique de la rouille qui s’accumule sur une chaîne de vélo abandonnée, tu continues à pied pour te noyer dans l’humidité d’une forêt dense et de sa terre mouillée 

L’odeur douce amère du matin dans une ville encore endormie

Au matin l’odeur amère du café brûlant, elle évoque les discussions infinies, les plans échafaudés

L’odeur du propre recompose des atmosphères

L’odeur des jeux insouciants dans la poussière des rues et celle de la verveine écrasée entre nos doigts

L’odeur de la pluie sur la terre sèche, l’odeur de la terre après la pluie

L’odeur du sperme et du chaton de châtaignier

L’odeur de la douleur dans l’épaisseur de l’air

L’odeur du parquet ciré et la présence de la mère

L’odeur parle sans les mots qui sentent si fort

L’odeur du muguet 

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