#anthologie #25 | Odeurs.

L’odeur de mon aisselle, parfois aimée, parfois exécrée.

Son odeur de la cigarette lorsqu’il fumait et aujourd’hui, l’odeur de sa peau sans fumée.

Leurs odeurs avant et après la pluie mêlées à leurs poils luisants.

L’odeur du non amour, de l’indifférence et de la froideur entre deux êtres.

L’odeur d’un parfum d’un ou d’une inconnue dans le métro.

Je n’aime pas l’odeur du compost, mélange d’épluchures de légumes et de pourriture.

L’odeur de mes enfants à travers leurs âges.

S’enivrer d’odeur en mettant de l’essence dans sa voiture.

Se ficher de l’odeur du vin mais pas de celle des tilleuls en fleur.

L’odeur de la mort que je sens parfois chez moi me questionne et me terrifie.

L’odeur du sans abri auprès de qui on n’ose pas aller s’assoir dans le train.

L’odeur du mépris et de la lutte des classes.

L’odeur d’un vêtement que l’on sort de la machine à laver.

Elle a oublié de fermer le gaz, l’odeur d’un fond de casserole brûlé.

L’odeur des sexes, doit-on en parler ?

Sentir tellement d’échantillons de parfum dans une parfumerie qu’on ne sent plus rien.

L’odeur des vieux livres, non vraiment pas, pas ça.

L’odeur de l’écriture, a t-elle véritablement une odeur ?

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

11 commentaires à propos de “#anthologie #25 | Odeurs.”

  1. Merci pour ce texte , j aime bien les questions qui interrogent certaines odeurs et qui nous renvoie à un univers plus vaste . :L’odeur de l’écriture, a t-elle véritablement une odeur
    L’odeur des sexes, doit-on en parler ? Bien vu

  2. Merci Clarence ! Je prends enfin le temps de te lire. J’aime cet inventaire poétique qui pourrait en effet se poursuivre à l’infini. J’aime les différentes approches (le « je » de celle qui écrit / le « elle » / d’autres plus impersonnels à l’infinitif…), les écarts entre les odeurs du plus intime, ou du quotidien, aux odeurs qui nous font réfléchir à l’échelle de la société…

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