anthologie #25 | lot d’odeurs

Je ne sens rien. Ne rien sentir, se sentir ne rien sentir. Juste voir.

L’odeur du pet qui fait rire les enfants. T’as pété ! Non j’ai pas pété. Si t’as pété. Ça pue, tu pues.

Passer de ça pue à tu pues, à ils puent, à ils puent tous.

Repousser les puants, celles et ceux qui ne sentent pas comme nous.

L’odeur de la sueur. Il y en a plusieurs. 

Ce que sentent les chiens, la maladie, la tumeur. Que sent une tumeur? La tumeur du poumon, du sein, de la prostate, sentent-elle la même chose? Le chien qui la sent sait-il ce qu’il sent ou sent-il seulement? Et que sent-il, la tumeur ou la sueur, l’haleine, l’urine? Les variations de glycémie ou les effets de cette variation sur la peau, dans la chair? Et pour l’épilepsie, que sent-il des modifications cellulaires qui précèdent la crise?

L’odeur de chien mouillé. Celle de la boue que l’on rapporte collée aux semelles de la balade d’avec le chien. L’odeur des chaussures humides et qui le restent longtemps, que le placard « prend ». Quand il s’ouvre, cette odeur de moisissure d’avant la moisissure.

L’odeur des gymnases, des piscines, l’ambiance qui saute au nez.

Et l’odeur des dojos, acre, de la sueur mêlée aux tatamis. L’odeur des vestiaires de rugby, de foot, des baumes, de l’élastoplaste, de la sueur encore.

L’odeur de l’étable, l’odeur de l’écurie, l’odeur de la bergerie. L’odeur des bêtes mais lesquelles?

Quelle odeur , quelle expression.

Ça sent le fauve.

Tu sens le fauve.

Tu pues.

On y revient.

L’odeur de l’homme de la rue. De la femme à la rue.

L’odeur des règles.

De la pisse au pied d’un mur dans une ruelle.

Ne pas se négliger. Se laver même là où ça ne se voit pas. Dans les plis, devant, derrière, sous les bras, partout. L’odeur des cheveux sales. De la laque, du gel.

Ça sent la bite.

Ça sent, la bite?

Se sentir les doigts, se laver les mains pour ne plus sentir l’ail. Elle s’accroche l’odeur de l’ail. Elle passe par les pores. 

Ce que l’alcool fait à l’haleine. Tu peux te brosser les dents. Tu as bu? L’odeur des cachous que l’on garde entre gencive et joue pour chasser d’autres odeurs.

L’odeur du temps qui passe. 

Tu la sens?

Ton propre corps qui sent autrement. Ta sueur qui se transforme.

Tu fais attention à ce que tu manges mais renifles-tu ce que tu manges?

HannaH le faisait. Nez dans l’assiette, nez dans le plat. Ça tu peux manger. Ça, tu laisses.

Ma mère, l’odeur au-dessous de ses bras

C’est elle qui sait que mes pieds puent, etc.

L’odeur de l’amour

L’odeur d’Ostende, du métro de Paris, des rues de Naples, de Los Angeles, de Beyrouth, de Libreville, de Durban, de Rio, mais laquelle, de quelle rue, de quel pont, de quels eaux?

L’odeur qu’on dit suave, douce, agréable, capiteuse, délicate, exquise, attirante, délicieuse ou écoeurante, répugnante, infecte, pestilentielle, méphitique, désagréable, immonde, fétide, nauséabonde

Nauséabond, l’adjectif est dans tous les journaux. Mais on ne dit pas ce qui pue dans une pensée, un propos, un jugement.

L’odeur des dents abîmées, du coeur au bord des lèvres.

Et des fleurs dans le RER.

T’as pas de déo?

L’odeur de la peur? de la mort, oui, mais de la peur…

Les médicaments, l’hôpital, le talc, la magnésie, l’eau du robinet, le sel sur la peau sur la plage, la voiture neuve, le savon de Marseille, les oliviers, l’hôtel Ibis, le pneu, les freins, le goudron chaud, le bois humide, l’herbe coupée, la vache qui vêle.

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