L’odeur comme marqueur social.
Les mots pour nommer les odeurs comme marqueurs sociaux.
Le sent-bon (réservé à l’eau de Cologne-terme devenu générique, bon marché), ça cocotte, la mauvaise odeur, ou le parfum très fort étant associés à la cocotte, la gourgandine.
L’odeur de cuisine comme marqueur social, géographique aussi (aïoli, persillade, sèche à la rouille, flamber l’omelette norvégienne, les volailles, arroser de vin les fraises, verser du porto sur le melon).
L’odeur d’urine dans les toilettes.
L’odeur des la poudre sur le visage, du rouge à lèvres épais sur les lèvres, de la laque Elnett.
L’odeur des gerbes de fleurs avec rubans, à mon regretté, à ma regrettée.
Odeurs fortes, âcres.
Il faut que ça sente, il faut que la richesse se montre, se donne à sentir, être bien en chair, une belle femme, sentir bon, et l’on s’asperge copieusement, que depuis la cuisine ça sente bon, ça ouvre l’appétit.
L’odeur de l’encaustique, s’il est un marqueur social, celui des pauvres gens qui singent les bourgeois, qui soignent le peu qu’ils possèdent, qui en prennent soin, ignorant que le richesse est indifférente aux objets, avoir des biens, c’est pouvoir en être détaché. Le potlatch.
Pas d’odeur d’encaustique chez toi.
L’odeur du coquelicot, odeur de l’enfance. De toute enfance? Pas de la tienne.
Odeur du salpêtre, odeur familière.
Ne plus sentir les odeurs familières, l’odeur du salpêtre, comme ces petites perceptions devenues imperceptibles (Leibniz). Il faudrait dormir chez les richards pour prendre conscience de son absence.
L’odeur du gris et du pastis, l’odeur de Jojo, qui reste accrochée aux polos troués par la cendre de cigarette roulée, l’odeur de la blague à tabac en cuir souple, l’odeur de la gomina sur ses cheveux gris. Une odeur par personne constituée par tout cela. La sienne. S’y nicher.
Je reconnaitrais ta voix. Mais ton odeur?
Les intonations de voix marqueurs d’une époque, tes roulements de r, la manière dont tu décomposais les mots, les intonations des phrases. Ton odeur, somme de celle du rouge à lèvres, de l’eau de Cologne, de la poudre, de la laque, m’apparaîtrait-elle datée, faisant partie du passé, démodée?
Odeur archaïque, comme il y a des mots archaïques : derechef.
Chercher la différence entre odeur et parfum
L’odeur de la tisane de verveine que tu verses d’un bol à l’autre pour que le breuvage soit moins chaud. La vapeur d’eau au dessus des bols.
L’odeur des canards que tu caches dans un panier. Même muselées les bestioles auraient pu te faire repérer par les Allemands. À cause de leur odeur.
Odeur du poisson cru qui me retourne l’estomac.
Ne pas s’en tenir aux photos, aux images, à la voix enregistrée, convoquer les odeurs. Comment les nommer? Comment les distinguer? Un vocabulaire spécifique comme celui des oenologues pour distinguer entre les différents arômes d’un vin. Savoir nommer c’est savoir distinguer. Chercher les mots.
Quand deux mouvement contraires. L’amour attire, le parfum repousse.
Servez-moi généreusement, un bon morceau donnez-moi, au poissonnier, au boucher, au boulanger. Être généreux, signe de richesse. S’asperger généreusement d’eau de Cologne, de laque.
2 commentaires à propos de “#anthologie #25 | l’odeur, marqueur social”
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Les odeurs viennent en lisant le texte, on les reconnaît, elles sont très vraies.
Merci Laure.