L’odeur des gens.
L’odeur des gens connus d’abord.
Les odeurs que je n’oublie pas, les odeurs que je ne veux pas oublier, les odeurs que je veux retenir dans la mémoire de mon nez.
Quels odeurs retenir à de ces gens-là ? Je me rends compte que je ne les choisis pas. Pourtant étonnant les odeurs qui se sont gravées, elles sont un instant d’une personne, elles ne sont pas vraiment représentatives de la personne. Le grand-père avec l’odeur de cave et de ferraille de son garage (et pourquoi pas l’odeur de la cigarette, ou du pinard, ou du jardin?), le père avec l’odeur de sueur et de café (la même odeur que dans sa voiture, mais cela n’a duré que quelques années où il était tout le temps en déplacement, ce n’est plus son odeur depuis longtemps).
Supporter les odeurs. Les siennes et celles des autres.
Les odeurs insupportables qui deviennent supportables.
Les odeurs supportables qui deviennent insupportables.
Une météo des odeurs (le concept même de météo intérieur commence doucement à me faire vriller, ce concept romantique était une bonne idée, mais je ne suis ni nuage, ni soleil). La première qui me vient de ces odeurs aux humeurs changeantes c’est celle après l’amour, ce mélange de fluides qui devient vite nauséabond (où est-ce juste ce truc puritain sur la pureté et la virginité, un reste de pudeur, un sursaut du moi social qui fait irruption après l’amour quand on se rend compte qu’on est tout nu sous ses vêtements?).
L’odeur comme les poils annonce au monde entier qu’on est des animaux.
Les gens s’imposent-ils volontairement dans l’espace public en se parfumant ? Est-ce une manière de prendre de la place ? Trop de place ? L’autre jour, une dame est passée, elle embaumait. Ce n’était pas désagréable mais on ne pouvait pas la louper. On pouvait la suivre à la trace même. Est-ce qu’elle le sait quand elle se parfume avant de sortir de chez elle ? « Comme ça, on ne pourra pas me louper. » Elle prétend sûrement qu’elle se parfume pour elle-même, parce qu’elle aime sentir bon.
Moi aussi je me parfume parfois.