l’odeur de l’intérieur d’une casquette, l’odeur du printemps, l’odeur d’un printemps ensanglanté, l’odeur de celleux qui passent, l’odeur d’une capote pleine, l’odeur d’un spectacle en répétition, l’odeur du mal de ventre, l’odeur de l’hésitation, l’odeur de l’évanouissement, l’odeur de l’acrobate qui s’élance dans le vide, l’odeur du trapéziste qui la rattrape, l’odeur de l’effort de cette dame qui s’appuie sur sa canne pour marcher, l’odeur de l’ampoule de la servante sur un plateau nu, l’odeur d’un trou dans la terre, l’odeur d’une clé qui tourne et s’active dans le pêne, l’odeur de ta main dans tes cheveux, l’odeur d’une séparation, l’odeur d’une fenêtre ouverte, l’odeur de ton vocabulaire, l’odeur d’une femme qui court, l’odeur de Chicago, l’odeur des taureaux, l’odeur des mégots, l’odeur des bâillements: lascif, énervé épuisé, l’odeur du marteau piqueur, l’odeur des fraises dans ton assiette, l’odeur d’une ambulance lancée à toute berzingue, l’odeur de la sirène pétaradante, l’odeur de la pelle qui s’enfonce dans la boue, l’odeur de mon ingratitude, l’odeur de ses jambes arquées, de son dos vouté, de sa silhouette recroquevillé, l’odeur de ses pieds, l’odeur de la cuillère en bois jetée dans le caniveau, l’odeur de la chaise percée, l’odeur de l’espèce humain, l’odeur des mouettes criardes, l’odeur d’une petite fille qui tire la langue, l’odeur de l’inceste, lemon.
et je ne me lasse pas de glisser dans ta galerie d’odeurs et de me laisser surprendre
beaucoup aimé « l’odeur de Chicago » et ce tu qui revient ci et là…
Superbe cette accumulation d’odeurs de corps de sentiments de ville d’objets de drames, c’est génial à lire. Merci !
Belle énumération d’odeurs qui ouvrent à chaque fois la mémoire involontaire au scalpel… Merci pour ça !
Formidable en détail et dans le mouvement . Merci Cécile