#anthologie #25 | l’appel des odeurs (notes de carnet)

Lire Ryoko Sekiguchi et répondre à son appel des odeurs : se dire qu’il faudrait essayer de tenir un carnet d’odeurs. Sur une journée pour commencer. Puis sur une semaine. Sur différentes saisons. Dans différents lieux.

Les odeurs de la ville. Les odeurs de la campagne. Les odeurs de la forêt. Les odeurs de la mer. Chapitres à écrire.

Revisiter les « Je me souviens… » de Perec à partir des odeurs uniquement.

Les crêpes auront toujours le parfum de ta grand-mère.

Souvenir des versions anglaises. Des mots et des mots pour dire les sensations.

Souvenir des sans-abris dans le métro et du vide autour d’eux dans la rame. Sentir mauvais exclut, marginalise, condamne à la solitude.

Enfouir son visage, son nez dans les plis et replis de son bébé et dans les rires, respirer sa peau.

Aimer l’idée qu’il faudrait inventer des mots nouveaux pour dire la subtilité des odeurs.

J’aime : l’odeur des crêpes, l’odeur du café le matin, et du pain grillé, l’odeur du bitume chaud après une pluie d’orage, l’odeur du foin coupé, les parfums subtils, l’odeur de l’hiver froid, l’odeur du bois qui brûle, l’odeur des draps frais, l’odeur des fraises, l’odeur des fleurs quand tu marches, l’odeur fraiche et humide de la forêt, j’aime, avant de la voir, l’odeur de la mer chargée d’embruns et de marées et de vent et de goémons, l’odeur des boutiques où l’on vend des savons, le parfum d’un bon vin, l’odeur de la menthe que ton pied a foulé sans y prendre garde (à continuer)

Je n’aime pas : l’odeur de l’éther, l’odeur des excréments, l’odeur de l’urine, les odeurs de transpiration quand elles sont trop fortes, l’odeur de brûlé des plats qu’on a oubliés sur le feu, l’odeur des chambres d’hôpital, la mauvaise haleine, l’odeur des sargasses qui se décomposent sur les plages, l’odeur des cadavres d’animaux (à continuer)

Marcher, randonner et noter les odeurs rencontrées.

Tenir un répertoire des mots pour dire l’odeur.

Odeur délicieuse, divine, exquise, fine, suave ; odeur écœurante, fétide, infecte, nauséabonde ; mauvaise odeur ; odeur forte, puissante ; douce, légère, vague odeur ; odeur chaude, enivrante, fade, fraîche, pénétrante ; odeur fauve ; odeur de cuisine, de peinture, de pharmacie, de poussière, de soupe ; odeur de moisi, de renfermé, de roussi ; odeur de bouc, de cadavre, de pourriture ; odeur de chair, de femme, de mâle ; odeur d’herbe, de fruit, de jasmin, de violette ; odeur de printemps ; l’odeur du bois, du foin, du pain, de la terre ; l’odeur des feuilles, des fleurs, des roses ; sans odeur ; avoir, dégager, répandre, garder une odeur ; aspirer, renifler, respirer une odeur ; une odeur monte, traîne. (CNTRL)

Le mot « odeur » est terre à terre. Le mot « parfum » est subtil, aérien, délicat.

A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

2 commentaires à propos de “#anthologie #25 | l’appel des odeurs (notes de carnet)”

  1. C’est toujours fou en lisant les textes de prendre conscience de toutes les odeurs et parfums que la terre et nous humains portons. Merci pour cet inventaire, ces phrases qui contrastent comme celles de l’odeur du SDF et celle du bébé, l’image qui jaillit qu’un bébé pourrait devenir ce sans-abri. Merci Emilie, bon samedi.

    • Merci Clarence pour ton retour ! Je vais lire ces carnets d’odeurs ! Bon dimanche 😉 Et à très vite car je me remets à la lecture des textes !