l’odeur des lieux de soin — vert bleu rose des blouses en papier tout juste sorties du plastique, blanc immaculé des murs — odeur d’anesthésie, de stérile, de rien, odeur de vide
snifer les vieux livres
snifer le cuir chevelu d’un enfant — et fermer les yeux
l’image de l’odeur, ce serait un visage qui ferme les yeux — un air de paix, un sourire, une bouche entrouverte — les sourcils froncés, les traits fermés, la bouche serrée
odeur d’été; melon au frigidaire
les odeurs qui rafraichissent — concombre, gazpacho, menthe
odeur chaude salée collante des corps emmêlés, jusque dans la bouche
parfums des amours anciens croisés dans la rue changent la couleur d’une journée
odeur d’été; bitume chaud rentre par la fenêtre, il est minuit
l’odeur surgit dans un aliment à peine croqué, qui n’a pas cette odeur
langue du chien laisse sur la peau sa bave collante
les cantines, odeur de conservation — les aliments, les plateaux, les machines réfrigérantes, les gens finissent par avoir la même odeur, compacte, lourde, de fausse nourriture déjà digérée
la mémoire des odeurs se mobilise, s’allume très faiblement, impressions fugitives, difficulté de tracer le souvenir, un autre est déjà là, envahit le précédent comme un bruit de cascade
bloc d’argile travaillé par les mains dégage une odeur de transformation, et je salive
odeur des rivières, minérale, vase en dessous, tranquille — vert doux et puissant de terre et d’eau
odeur de la grand-mère, odeur de la mère, identiques au contact des mains sur le front
l’odeur de la mer entendue dans le cri des mouettes
…. fugitives… titre subtil pour évoquer la mémoire des odeurs… merci !