On est dans la fragilité, dans un amalgame où des odeurs se croisent en courants adverses, se faufilent entre les arbres et la terre, entre véhicules et magasins aux portes ouvertes ( boulangerie, pressing, cordonnerie, poissonnerie, restaurant…), entre fenêtres ouvertes d’où s’échappent les fumets d’une cuisine et relents des caves se glissant au travers de soupirail. Odeurs mêlées, rarement uniques. On ne sait où ça commence, ni où ça finit. Une odeur est plus forte qu’une autre, la recouvre, puis à son tour s’estompe, enveloppée par une nouvelle; elles s’emmêlent un instant puis se détachent l’une de l’autre. Le contour de chacune n’est pas vraiment défini. Une présence olfactive qui semble se diluer dans une suivante avant de se disperser.
On est dans le royaume de l’impalpable. Quelle définition pourrait – on en faire…
On pourrait dire d’une odeur que c’est une méduse.
Une odeur d’égarement. Une odeur nébuleuse. Une odeur embrumée. Une odeur de vertige. Une odeur de trouble. Une odeur saturée. Une odeur d’insolation. Une odeur qui déborde. Une odeur perméable. Une odeur de presque rien. Une odeur d’éphémère. Une odeur de l’invisible. Une odeur perdue. Une odeur d’épuisement.
Une odeur de songe.
… de la fragilité des odeurs.. merci pour ce lien du concret avec » l’impalpable »… subtile réflexion.
J’aime cet entrelacement des odeurs arrivant de toutes parts et comme elles se superposent ou s’enchainent, merci.
Un texte à la lisière du poème… C’est beau et puis cette phrase « On pourrait dire d’une odeur que c’est une méduse. » ça claque ! Et puis c’est très vrai je trouve !