Ça pue la choucroute rance. L’enfant arrêté devant l’armoire à confitures. Pourquoi tant de variations autour d’un faux souvenir ? J’ai toujours aimé l’odeur de la choucroute.
Sentir le vent. Que transporte-t-il à sentir, le vent ? Quelle différence entre l’odeur de la bise et l’odeur du foehn ? Une odeur froide, une odeur chaude, qu’est-ce que ça change ?
Sur ma peau, ça sent la crème solaire. Ça sent l’été, la piscine, les membres fatigués.
Ça sent le renfermé, disait-elle quand elle avait besoin de sortir boire un verre de rouge. Elle voulait aussi qu’à sa mort on l’empaille et qu’on la sorte de l’armoire à l’heure de l’apéro.
L’odeur des bébés, entre fadeur lactée et dégoût attendri.
Il y avait, jusque dans le corridor, cette odeur qui faisait qu’on entrait dans la cuisine de la grand-mère.
Le grand-père brassait le purin avec une louche gigantesque qu’on appelait un cahouet. C’était sa manière à lui de s’enivrer.
« L’argent n’a pas d’odeur, mais pas d’odeur vous monte au nez. » (Jacques Brel, je ne sais plus dans quelle chanson, Voir un ami pleurer ?)
Qu’est-ce que ça sent, les pleurs ? Le sel et l’humide, la pensée de celle à cause de qui on pleure, ou de celui.
« Ça sent la bière de Londres à Berlin. » (toujours Brel et toujours ça vous monte au nez)
Le vin sent le bouchon, mais le bouchon sent-il le vin ?
« Moi, la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir. » (Louis-Ferdinand Céline, de mémoire, à peu près, un auteur qu’il faut accepter de lire en se pinçant le nez)
Moi, la campagne, je n’ai jamais rien pu sentir d’autre.
Oui, Vincent, c’est bien dans « Voir un ami pleurer. » de Brel :
Bien sûr, il y a les guerres d’Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr, tout ce manque de tendre
Il n’y a plus d’Amérique
Bien sûr, l’argent n’a pas d’odeur
Mais pas d’odeur vous monte au nez
Bien sûr, on marche sur les fleurs, mais
Mais voir un ami pleurer.
Merci pour votre texte, il me donne des idées.