#anthologie #25 | Amours et pestilences

Enfant, on n’acquiert pas tout de suite la hiérarchie des odeurs ce qui sent bon ou pas est pure transmission, ça pue ! est avant tout une parole : l’ainé persuadé et persuasif expliquant au cadet fort surpris ton caca sent mauvais, le mien sent bon.

La mère proclamant au saut du lit Ce qu’il pue cet homme, et le père sentira à jamais mauvais pour ses enfants

L’odeur vanillée de la nuque de mon bébé

L’odeur musqué d’un homme après l’amour

Je ne peux plus le sentir… un changement d’appréciation de l’odeur de l’autre nous signale le désamour Si je t’aime j’aime ton odeur, si je ne t’aime pas, tu commences à puer

 La première fois que notre enfant a mauvaise haleine, elle n’est pas si mauvaise que ça

 J’avais une amie qui sentait le pâté, une autre la pomme de terre, une autre le sang caillé, elles demeuraient dans leur petite cage d’odeur où je pénétrais sans aucune gêne en m’asseyant à côté d’elles

L’odeur de cheveux sur les oreillers

L’odeur animale de la soie naturelle

Son odeur de peau avant sa toilette

L’odeur de sainteté…odeur de mal lavé?

expression de mon père : ça sent la petite fille qui se néglige, j’essaie d’imaginer ce que serait l’odeur des petits garçons qui se négligent

Et soudain l’enfant bonbon sent des pieds…

Pourquoi on ne sent pas sa propre odeur

 La pire des odeurs pendant la cuisson des tripes: due à l’idée qu’on s’en fait ?

l’odeur pestilentielle du stockfish qui trempe

J’ai grandi près de nombreuses écuries, d’où ce sentiment définitif: le crottin sent bon, le crottin sent mon enfance, le cheval est si beau que son crottin sent bon, ou le cheval est si herbivore que son crottin sent bon, pourtant les bouses me paraissent puantes, question de digestion? Pour le bousier, la bouse est délice

Dans l’étable, l’odeur des bêtes, du lait chaud et des bouses mélangée, une odeur chaude

l’odeur âcre sinueuse pénétrante aux environs des porcheries

L’odeur du printemps : herbe coupée et lilas

Un odeur d’aisselle aimée: géranium. une odeur d’aisselle indifférente : poireau

A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

7 commentaires à propos de “#anthologie #25 | Amours et pestilences”

  1. vanille et musc, je te suis
    l’odeur animale, oui… et comme toi l’odeur des animaux, des chevaux, de ma chatte que j’adore…
    et juste après avoir lu ton monde, je lis dans ta bio « je sais pas qui suis-je ? » et ça me ramène aux odeurs…

  2. l’étable, l’écurie c’est bien triste de réaliser, d’un coup,combien ces odeurs se sont éloignées ! Merci de les « faire sentir » à nouveau !

  3. « ça sent la petite fille qui se néglige, j’essaie d’imaginer ce que serait l’odeur des petits garçons qui se négligent » ça me parle tellement mais moi c’était ma mère qui disait toujours ça ! C’est beau toutes ces évocations d’odeurs autour de l’enfance, j’y suis en ce moment et je retrouve parfois ces bambins bonbons qui sentent des pieds ! J’ai beaucoup souri, ému aussi parfois… Merci !

  4. Comment le rapport à l’autre joue sur l’odeur et vice versa… j’aime beaucoup cet angle !
    Et toutes ces bribes d’odeurs, véritable patchwork, superbe !