#anthologie #25 | à propos d’odeurs…

La vétérinaire écarte les mâchoires de l’animal, ouvre un peu plus la gueule, se penche, sent, petits coups rapides, comme un chat.

L’odeur du malheur ? des débris de la poudre des bombes des cadavres de la misère de la boue.

L’odeur du bonheur ?

De l’odeur des regrets et de celle des remords, laquelle ?

Le chien dans le salon d’attente des passagers renifle les sacs, passe d’une rangée à l’autre.

La voix de F. Dolto dans l’émission radiophonique : apportez lui des vêtements de sa mère, qu’il la sente et la retrouve…

On a perdu beaucoup des sens premiers en premier le sens du nez !

L’odeur du propre ! L’odeur du frais.

Elle dit : cette ville pue on marche sur ses tripes.

L’odeur matinale du café au lait : à vomir.

L’odeur verte de l’après-rasage bon marché, c’est dimanche.

Pétrichor : l’odeur de pluie, un nom pour chaque odeur ?

L’odeur de fer du sang. 

L’odeur du feu refroidi l’odeur des cendres l’odeur du bois brûlé l’odeur de la suie, l’odeur de la nuit l’odeur de dormir dans le lit d’odeurs anciennes.

L’odeur de lait caillé de l’enfant dans les bras.

L’odeur du soleil sur l’odeur de l’eau, réunis.

Les films où l’esclave court dans l’eau pour se noyer l’odeur du noir devant la meute des crocs blancs.

Pourquoi certains aliments (choux, asperge) imprègnent de leur odeur les liquides (urine, lait maternel) du corps et pas les autres ???

Marre de l’adjectif nauséabond pour les idées de merde.

L’odeur de limaille c’est l’usine.

L’odeur d’humide rouge c’est le bistrot ouvrier.

L’odeur de pus de pisse de merde des cris c’est l’hôpital.

L’odeur de mort ?

L’odeur de vivre ?

Acheté bon marché un parfum réputé dont l’odeur se volatilise instantanément : l’odeur invisible de la contrefaçon.

Parfums : odeur discrète du luxe versus coup de poing olfactif ?

L’odeur de poussière vient-elle d’aussi vieux que les étoiles ?

Voir un grand – père sourd cire et naphtaline sous son plaid d’hospice.

L’odeur tiède et pâteuse du malt dans les cuves de fermentation des distilleries de whisky.

Où sont enfermées les odeurs perdues ?

Les goûts et les odeurs…

certains à vue de nez on ne peut plus les sentir.

9 commentaires à propos de “#anthologie #25 | à propos d’odeurs…”

  1. Y va y avoir à piocher ! On a envie parfois d’écrire entre les lignes, dans ces interlignes qui semblent faits pour ça, pour te répondre, pour se répondre, pour augmenter… J’hésite, mais tout cela est si inspirant (par le nez) que finalement je vais m’y mettre de mon côté. Merci pour la découverte, de l’ichor par le ricochet du pétrichor. Un sang lent et épais des dieux, après une année grecque me donne beaucoup à panser pour le prochain atelier des élèves.

  2. « L’odeur de lait caillé de l’enfant dans les bras. » Je vois bien de quoi tu parles en ce moment ! Et oui comme le dit Emmanuelle dans son commentaire ça donne envie d’écrire entre tes odeurs pour mieux les respirer (enfin ça dépend…). De la matière (olfactive mais pas que à creuser en tout cas !

Laisser un commentaire