elle, abandonnée enfin dans le sommeil, un dernier sanglot en sursaut tout de même dans le corps qui se relâche, et bientôt, dans la nuit épaisse, opaque et grosse de silence, le ventre qui se soulève, et les doigts de la main, peu de temps avant crispés, phalanges blanchies serrant le froid des barreaux, maintenant desserrés ; lui, le corps traversé de spasmes, souffle régulier, bouche entrouverte, et elle de le regarder et de se dire que les soubresauts du corps sont ceux des rêves qui l’habitent et qu’ils se raconteront au réveil ; elle, allongée, sur le dos, mains presque jointes sur le drap fleuri, tout à fait immobile, telle une gisante, ces sculptures qu’il avait croisées dans les églises, et de se dire que le sommeil ressemble décidément à la mort, alors saisi par cette immobilité troublante, le geste qu’il a de palper doucement le corps, d’abord les mains, froides, mais plus haut dans les plis du cou, la chaleur du vivant, et si on s’approche, à l’orée des lèvres à peines ouvertes, le souffle ténu, et à ce contact de l’autre main, le sursaut des yeux qui s’ouvrent brusquement, et affolés, de celle qui dort, la bouche qui s’ouvre dans la surprise du réveil et sourit face au visage connu, et puis à nouveau, les yeux fermés, la régularité du souffle et l’immobilité
c’est magnifique (et la fin sur le mot « immobilité » comme un sursaut contraire ou un retournement quand tout bouge fluidement) (merci pour ce texte Emilie !)
Oh merci Christine ! Tellement souvent saisie et/ou touchée par tes textes du mardi. Ce commentaire me touche !
très beau .Merci Émilie
Grand merci Nathalie ! Je reprends très vite les lectures.
subtiles émotions « dans la surprise du réveil ». Merci Emilie.
Merci merci Ugo ! Totalement touchée par ton passage !