#anthologie #24 | Tête bêche

Allant vers le sombre lit… (Joyce Ulysse)

Oui, c’était là-bas à Gibraltar j’étais si impatient toujours trop pressé je l’ai poussée, pressée serrée de toutes mes forces jusqu’à ce qu’elle me dise oui elle a dit oui je ne saurai jamais si c’était pour moi ou pour échapper à la famille à la maison connaître enfin un homme et je n’étais pas mal en ce temps là à Gibraltar chaleur étouffante ce matin pour un mois de juin les rues de Dublin la foule encombrant le trottoir Brunswick street chapeaux levés au passage du corbillard est-ce qu’elle dort maintenant je peux garder ses pieds nus dans mes mains elle a accepté mon baiser du soir sur ses Dedalus a aperçu son fils Stephen en compagnie de Buck Mulligan je les ai retrouvés beaucoup plus tard quand elle dort je me demande toujours si elle pense à Boylan je sais qu’ils l’ont fait elle doit le trouver plus homme j’aurais fait de mon fils un homme aidé conseillé terrible de suivre un enterrement d’enfant Paddy Dignam triste pour sa famille cinq gosses elle ronfle tout doucement embrasser ses orteils oui quand elle dort elle ronfle dit quelques mots dans son sommeil Poldy Poldy ou Milly deviendra photographe techniques nouveautés cette chemise de nuit qui s’enroule en paquet quand elle s’enfonce dans le lit découvre ses f remonte jusqu’à ses seins plusieurs jours sans y toucher comment fait-elle son désir pour Boylan dois veiller au grain aller en visite chez Dignam qui aurait pu penser ce délicieux petit bonhomme syncope j’ai dit à Simon Dedalus et Cunningham la plus belle des morts il n’empêche Molly triste pour les gosses je sens ses jambes agitées spasmes doit rêver toujours de Gibraltar des roses des rhododendrons la Rose de la montagne si seulement je pouvais regarder son visage demain passer un moment les yeux dans les yeux lui apporter son petit déjeuner parler de Dedalus Stephen cette fois est-ce qu’il s’est écroulé de sommeil sur le divan aller voir éclairage discret de la rue passer la main dans ses cheveux lui dire vous êtes chez vous ces fleurs en bouquets en couronnes pauvre Dignam celles qu’elle reçoit Dache Boylan roses blanches toujours certains commencent à jaser j’ai laissé sur la petite table Les Douceurs du Pêché elle va le feuilleter peut-être le lire les jeunes vierges devant l’Ormond bar amies de ces étudiants Stephen Dedalus et Buck Mulligan la poste envoyé une lettre à Martha Clifford Poste restante discrétion sécrétion je sais que Molly fouille mes poches de costume jeter cette adresse O j’ai bien vu qu’elle m’aguichait n’est-ce pas Gerthie Mc Dowell ou Cissy Caffey quand les mômes ont jeté leur ballon vers la mer et elle assise sur le rocher qui remontait remontait sa jambe sa cuisse elle avait vu que j’étais en train de regarder son entrejambe ses culottes de batiste trempé ma poche de pantalon ne pas parler pendant mon sommeil bien vu qu’elle était boiteuse comment est-ce de le faire avec une infirme tâcher de la revoir même bord de mer même rocher chaque jour est-ce que je vais lui raconter que j’ai vu Rudy comme je vois Stephen Dedalus endormi un rien de bave aux lèvres rêve-t-il qu’il est sur scène joue Hamlet jusqu’au lever du jour les larmes montent je suis incapable de les arrêter je risque de réveiller Molly O ne plus penser, n’y plus…

2 commentaires à propos de “#anthologie #24 | Tête bêche”

  1. Waou pour le morceau de bravoure de la réécriture de Joyce en version personnages dormant, c’est une super idée, j’en aurais bien lu encore plus écrit par toi, plutôt que l’original que je reprends et abandonne régulièrement !

  2. Molly ronfle-t-elle ? J’ai osé, je m’en repends. Pour la suite, peut-être en août si plus d’atelier… Merci JM