respires et murmures dans la moiteur d’un dortoir marée de soupirs les souffles enflent s’apaisent les corps crissent sur la toile bleu marine tendue entre les armatures métalliques des lits qui se déplient pour accueillir les petits corps blottis sous les couvertures et se replient une fois la sieste terminée ils dorment bruits de bouche succion gémissement sanglot ils dorment murmure incompréhensible une bouche appelle maman ils dorment une jambe dépasse de la couverture pend à l’extérieur du lit on dirait qu’elle tombe un bras repousse le mur un corps s’agite se retourne se pose ils dorment leurs petits ventres ronds se gonflent se creusent leurs poitrines montent descendent ils plongent le sommeil-océan les berce corps relâchés à l’extrême | petit corps un au front bombé doudou lapin cœur brodé sur l’oreille fronce les sourcils comment imaginer de quoi sont faits ses rêves quand il n’a pas encore les mots pour les dire | petit corps deux doudou souris grise à maillot rayé rouge et blanc dort sur le dos bouche grande ouverte les cheveux blonds collés au front dessinent des arabesques | petit corps trois doudou éléphant marron dort paupières entrouvertes le visage lisse et rond encadré de boucles brunes corps à l’abandon bras repliés autour de la tête I petit corps quatre doudou coccinelle rouge et noir couettes à élastiques roses couché sur le ventre se roule en boule fesses en l’air tête écrasée sur la toile en coton il replie les genoux bras blottis contre la poitrine I petit corps cinq tète son doudou-mouchoir qu’il tient serré dans la main crispée bouée dans la tempête il respire par le nez il dort | ils dorment l’agitation du début de la sieste est retombée et dans le sombre du dortoir tandis que leurs souffles irradient la pointe de leurs cœurs sous leurs poitrines d’oisillons aux côtes fragiles ils avalent l’air ils grandissent
….on les voit, on n’ose en lisant les déranger… la sieste de ces petits..apaisante et eux qui respirent une vie naissnte, merci pour ce texte émouvant.
Que c’est joli !
ce texte sans ponctuation se lit comme une respiration d’enfant
tu as osé comme je l’ai osé et surprise de voir que ça n’entrave pas la lecture merci Françoise
Sommeil océan c’est exactement ça, on a la sensation d’une mer qui respire… C’est très beau et très émouvant aussi
bercée, prise au souffle du texte: « ils avalent l’air ils grandissent « . Mecrci
tableau parfait, on les voit tous, la jambe qui dépasse, les doudous, très beau Françoise
oui on bascule de corps en corps, on circule, on ressent
quelle belle idée !
Très doux ces sommeils d’enfant, et cette absence de ponctuation renforce l’impression d’un flux
oui les doudous de dodos des dodus… magnifique
merci pour ce délicieux retour !