#anthologie #24 | grands fermés

Ce que je sais d’elles et eux, c’est le peu qu’on ose laisser passer quand on se présente à des inconnu·es que quête commune et hasard vont nous faire côtoyer quelques instants. Bien sûr j’ai laissé trainer une oreille attentive et distraite : syndicaliste, assistance publique, trotskard, grands enfants, radiothérapie, … des mots de vies normales avec leur dose de difficile dits sur le ton du temps qui passe et de l’envie de se regarder différemment. Il a fallu sortir tôt du sommeil pour saluer le soleil à son lever face à la mer, c’est encore nuit, quatre bâtons plantés dans le sable, harmonieuse porte vers le cosmos, invitent à prolonger le rêve juste abandonné. Les yeux se ferment sur une sensation, une envie de disparaitre dans l’immensité — non, ce cri d’oiseau, je ne l’ai pas entendu, c’était comme si c’était moi, s’il n’y avait rien entre le corbeau et moi, disait J hier. Sur la côte, loin, le soleil réveille les façades puis les hautes voiles des bateaux, des oiseaux passent — mouette à tête noire, chevalier gambette, A a ouvert les yeux, les suit, vole avec eux, D, yeux grands fermés, se redresse, ouvre les bras, les glisse le long du corps, elle murmure son histoire intérieure, guérison de quelque blessure, le sourire de M., visage adulte sur corps d’adolescent, garde trace du rêve à peine terminé qui tente de rejoindre le cormoran qui joue à attraper le premier rayon du soleil et qui répond peut-être au perpétuel questionnement que semble être sa vie.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

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