Quelque part dans ma tête tout était parti des images du premier volet de la trilogie inquiète de Godfrey Reggio. Depuis Koyaanisqatsi je n’ai jamais pu manger dans un lieu public sans fixer mon regard sur la bouche, les dents, les gestes des gens qui mangent, portent la nourriture à leur bouche, mordent, arrachent, mâchent, avalent. Souvent une folle envie : enregistrer des cassettes entières avec la caméra que l’on me confiait pour reporter l’actualité, diffuser à l’heure du journal télévisé une séquence de 30 minutes de très gros plans, de close up, de mangeurs et de mangeuses, de tous les âges, de tous les milieux. L’actualité des dents et des bouches, le lundi, dans une cantine scolaire d’un quartier populaire; le mardi, dans un restaurant chic; mercredi, au restaurant universitaire; jeudi, dans différents fast-food ; vendredi, dans un restaurant solidaire; samedi, autour d’un grill dans un rassemblement syndical; dimanche, repas de diverses familles de différentes religions. Et puis exceptionnellement, parfois, serions nous allés, de nuit, en maraude, filmer discrètement sous des ponts celles et ceux qui dorment dînent.
Sur les trois œuvres du réalisateur Godfrey Reggio, voir ICI sa filmographie.
ton texte se termine comme le mien commence (mais sans dîner pour moi)
Salut Ugo, comme je disais à Philippe, nous ouvrons ce soir un sacré bal ! Après deux jours de pause, c’est joie de lire et de se trouver en terre commune.
manger…une idée à part entière pour un livre!! Merci!
J’aime beaucoup ces « mangeurs », avec ou sans dents, , « je n’ai jamais pu manger dans un lieu public sans fixer mon regard sur la bouche, les dents, les gestes des gens qui mangent » un monde inquiétant . et la chute ! Merci Ugo
j’imagine… euh pas trop les gros plans – peut être pas non plus les dimanches, fraternellement les peut-être quelque fois et ce serait reposant
Merci Brigitte, Nathalie, Eve, Catherine, Philippe. De terres communes en effet. Merci de vos textes.