Paupières closes. Au premier regard. En y voyant de plus près : un mince filet, un interstice sur la lumière extérieure censée éclairer toutes choses. Est-ce une dernière résistance avant de complètement allumer l’intérieur de ce vaste monde enfoui dans les plus reculés territoire de feu et de glace. Paupières closes tressautent. La vie s’est éclairée de l’autre coté, plus de ce coté ci, ici et là-bas, tous jours s’effacent dans les petites pièces imbriquées d’un élan subterfuge à coller sur le bout des doigts quand dehors loin un chien aboie dans le silence de l’extérieur, au-delà du noir de la chambre, au-delà de la nuit tombée, les muscles s’étalent, se répandent, filet de bave. Tout se raccroche à ici en partant là-bas, les mots pensés ne trouvent plus le chemin qui leur est naturellement destiné, ils prennent d’autres routes et ne disent plus ce qu’ils doivent dire, des mots muscles se posent, coulent lentement, s’embrument, la phrase n’a plus de sens celle du texte à retenir s’échappe vers d’autres significations, c’est une autre construction qui s’impose, les doigts n’y peuvent rien, impossible de saisir quoi que ce soit. Il n’y a plus que soi. La respiration douce, lente et régulière, quelques orages passent, le temps assidu du dehors s’élastique en dedans, tourne sur lui-même déjà une heure peut-être sept. Il se retourne brusquement la chevelure et le dos paisible, plat, une surface de vision invisible.
Il dort, rien à voir.
Il dort peut-être dans un détail.
Il dort, la position de sa tête sur l’oreiller.
Il dort, parfois un ronflement s’échappe entre deux respirations.
Les doigts du dormeur tremblent.
Les mots du dormeur ne sont plus que des sons, des bouts.
Une plongée dans le monde du sommeil. Belle image, la vie qui s’éclaire de l’autre côté.
Et j’aime beaucoup le passage sur les mots. Merci