Présence ou absence: parfois on ne saurait le dire. Les deux s’assemblent, prennent de la distance, se séparent. Les visages se fragilisent ou se durcissent. Ils sont là ces corps que l’on a veillés, guettant leur respiration encore fortes ou déjà faiblissantes. Les bouches ouvertes qui cherchent à engouffrer tout l’air de la pièce, car elles sentent bien que cela va s’arrêter. Une lente altération s’entend, puis une reprise du souffle que l’on n’attendait plus, et son propre souffle alors s’apaise lui aussi pour quelques minutes, alors que, à nouveau, la respiration s’alentit, ne conserve plus un rythme naturel, et que l’on guette malgré soi la dernière respiration. Presque rien ne bouge ni sur son visage ni sur le mien qui semble se paralyser par mimétisme: on accompagne comme on peut. Aux alentours du lit tout se fige. On sort dans le couloir cinq minutes pour reprendre souffle, boire un verre d’eau, reprendre des forces, et lorsqu’on repasse le seuil de la chambre, on sait. Le souffle a cessé, on est entré dans l’espace d’un silence dont on ne revient pas. Un souffle s’est arrêté, et la vie ne sera plus jamais semblable. On est entré dans une sorte de dissociation. Le visage prend une pose, imperceptiblement change, et ce sont d’autres traits étrangement qui affleurent, ceux de la mère de la mère. On ne sait plus qui on est.
2 commentaires à propos de “#anthologie #24|”
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on comprend qu’il s’agit du sommeil éternel
« On sort dans le couloir cinq minutes pour reprendre souffle, boire un verre d’eau, reprendre des forces,… »
et je sens que je t’accompagne…
… ces quelques mots, délicats et juste effleurés pour nommer le grand passage et son accompagnement… merci beaucoup.